Port-au-Prince, 17 juin 2020- Quelques jours après que la cheffe du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH), Helen Lalime eut proposé une réforme constitutionnelle pour créer les conditions en vue de l’organisation des prochaines élections dans le pays, l’exécutif haïtien prend le relais.
Un conseiller du président Jovenel Moïse, Guichard Doré informe que des consultations sont en cours en vue de mettre en place une assemblée constituante qui sera chargée de rédiger une nouvelle constitution. Cette constitution serait adoptée par referendum avant la fin de l’année, souligne M. Doré.
Selon Guichard Doré qui ne tient pas compte de l’échéance du mandat du président, l’année 2021 serait consacrée à l’organisation d’élections pour renouveler le personnel politique du pays.
Cependant, l’historien et constitutionaliste Georges Michel déclare s’opposer de toutes ses forces à ce projet qui constitue, selon lui, un coup de force contre la Constitution de 1987.
Il affirme que la démarche de Jovenel Moïse est illégale et anticonstitutionnelle. Dr. Michel qui intervenait sur radio Kiskeya ce mercredi croit que la Constitution de 1987 a été mal amendée, mais cela ne justifie nullement un projet visant l’adoption d’une nouvelle constitution.
‘’Ce serait trop facile de laisser un président changer la Constitution comme bon lui semble. Si cela devrait se faire, la Constitution deviendrait une source d’instabilité puisque chaque président pourrait la modifier tous les trois (3) ans, souligne Georges Michel.’’
L’ancien sénateur Evalière Beauplan rejette aussi le projet présidentiel relatif à l’adoption d’une nouvelle constitution. M. Beauplan estime que le chef de l’Etat n’a ni crédibilité ni légitimité pour engager une telle réforme.
Selon l’ancien parlementaire, Jovenel Moïse est en train d’agir sous le diktat de la cheffe de du BINUH, Helen Lalime qui a outrepassé ses droits en proposant cette réforme constitutionnelle comme moyen de résoudre la crise.
De son avis, une réforme constitutionnelle est avant tout l’affaire des haïtiens qui doivent en décider souverainement si c’est nécessaire ou pas. ‘’Ce n’est pas à Mme Lalime de nous dire ce que nous devons faire, quand et comment, déclare Evalière Beauplan.’’
Il s’est également interrogé sur l’attitude de la communauté internationale qui n’avait pipé mot lorsque par un simple tweet, Jovenel Moïse avait déclaré constater la caducité du parlement pour écourter le mandat de sénateurs en fonction. Selon M. Beauplan, la communauté internationale doit cesser de se faire complice des bourreaux du peuple haïtien. “Il est temps de se montrer solidaire des haïtiens, conclut-il.”