Garry Conille met le cap sur la formation du Conseil Électoral Provisoire…

Dr. Garry Conille, Premier ministre, lors de son installation...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 18 juin 2024 – Lors de sa visite au Conseil Électoral Provisoire (CEP), le Premier Ministre Garry Conille a souligné l’importance de l’engagement national pour des élections honnêtes et crédibles. Il a insisté sur la nécessité d’un consensus national pour garantir une transition politique inclusive et réconciliatrice, mettant en avant le rôle essentiel des consultations entre les différentes parties prenantes pour assurer une participation active et renforcer la confiance de la population dans le processus électoral.

Face aux défis techniques et logistiques posés par le processus électoral, M. Conille a évoqué la nécessité d’adopter des stratégies innovantes et de mener des expérimentations pour surmonter ces obstacles. Il a rappelé que le pays se trouvait en première ligne pour organiser des élections dans des conditions difficiles et qu’il était crucial de commencer immédiatement à analyser et résoudre ces problèmes.

Garry Conille a également souligné la priorité du gouvernement à construire un consensus autour de la réforme électorale pour garantir des élections transparentes et équitables. Il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à traiter ces questions avec la plus grande urgence et à garantir la crédibilité du processus électoral, soulignant ainsi l’importance de la confiance publique et de l’intégrité des institutions électorales.

En réaction, Pierre Espérance, défenseur des droits humains, a souligné l’importance des prochaines élections pour permettre aux Haïtiens de s’exprimer et doter le pays de dirigeants légitimes. Cependant, il a exhorté le Premier Ministre à se concentrer d’abord sur la mise en place d’une assemblée constituante afin de procéder à une réforme constitutionnelle conformément a la feuille de route de la transition et de l’accord du 3 avril 2024.

Espérance a expliqué que c’est la constitution qui déterminera le régime politique et les secteurs mandatés à désigner des membres au Conseil Électoral Provisoire (CEP). Il a insisté sur la nécessité de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, ajoutant que la priorité devrait être accordée à une assemblée constituante avant de se pencher sur le CEP, qui aura la responsabilité d’organiser le référendum constitutionnel.

Il a affirmé que la réforme constitutionnelle en Haïti est fondamentale dans le cadre de l’actuelle transition pour plusieurs raisons, particulièrement dans un contexte où la constitution a souvent été violée et critiquée comme étant ‘‘inapplicable’’, contribuant à ‘‘l’instabilité et au sous-développement.’’

La constitution de 1987, malgré ses bonnes intentions, a été fréquemment ignorée ou contournée par les politiciens, entraînant une instabilité politique chronique. Cette instabilité affaiblit les institutions et empêche la mise en place d’une gouvernance efficace. Une réforme constitutionnelle bien conçue peut établir des mécanismes clairs pour l’exercice et la limitation du pouvoir, garantissant ainsi une séparation des pouvoirs plus rigoureuse et une stabilité politique accrue, selon Espérance.

‘‘Les ambiguïtés et les lacunes de la constitution de 1987 ont souvent conduit à des interprétations conflictuelles et à des crises institutionnelles. Une nouvelle constitution peut moderniser les structures de l’État, clarifier les rôles et responsabilités des différentes branches du gouvernement et réduire les zones grises qui sont sources de conflits. Cela permettrait de créer un cadre juridique plus cohérent et opérationnel, adapté aux réalités contemporaines’’, soutient-il.

Selon lui, la crédibilité et l’efficacité des élections sont des piliers de la démocratie. Une réforme constitutionnelle peut établir des bases solides pour une administration électorale impartiale, assurant des élections libres et transparentes. En renforçant l’État de droit et en garantissant la protection des droits civils et politiques, une nouvelle constitution peut restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions et encourager une participation citoyenne plus active.

‘‘L’instabilité politique et l’incertitude juridique découlant de la constitution de 1987 ont été des obstacles majeurs au développement économique et social. Les investisseurs, tant nationaux qu’internationaux, sont réticents à investir dans un environnement où les règles du jeu sont constamment remises en question. Une constitution stable et respectée peut offrir un cadre plus prévisible et sécurisé, favorisant ainsi les investissements et le développement économique’’, a déclaré le militant des droits de l’Homme.

Espeerance croit qu’une réforme constitutionnelle peut servir de processus de réconciliation nationale en impliquant diverses parties prenantes dans un dialogue inclusif. En offrant une opportunité de consensus sur les principes fondamentaux de la gouvernance, elle peut aider à apaiser les tensions et à promouvoir la cohésion sociale. Une nouvelle constitution, perçue comme légitime et représentative de tous les segments de la société, peut contribuer à un climat de paix et de coopération.

D’apres Pierre Esperance, la réforme constitutionnelle en Haïti n’est pas simplement une question juridique ou administrative; elle est essentielle pour le renouveau politique, économique et social du pays. En résolvant les problèmes structurels qui ont miné la constitution de 1987, Haïti peut espérer instaurer un cadre plus stable, équitable et propice au développement durable. Une nouvelle constitution pourrait être le fondement d’une ère de stabilité, de prospérité et de démocratie pour le peuple haïtien.