PORT-AU-PRINCE, mardi 1er octobre 2024– Le Premier ministre de facto, Garry Conille, a exprimé mardi son insatisfaction face à la lenteur des progrès réalisés par le gouvernement sous sa direction. Malgré le contrôle qu’il exerce sur les ministères régaliens – la Justice, la Défense, et la Sécurité publique – et son rôle de conducteur du « véhicule gouvernemental », le chef de l’exécutif se déclare insatisfait de la vitesse à laquelle les réformes avancent, notamment en matière de sécurité et de services publics. « Je ne suis pas encore satisfait de la vitesse à laquelle nous avançons, surtout en ce qui concerne la rentrée scolaire », a-t-il déclaré lors d’une récente allocution publique, ajoutant toutefois que le gouvernement est « sur la bonne voie ».
Le Premier ministre Conille, dont le pouvoir est renforcé par la maîtrise des ministères régaliens, a également évoqué le budget 2024-2025, précisant que celui-ci est désormais prêt et sera le moteur de la mise en œuvre de ses priorités. « Comme annoncé dans la Lettre de cadrage du Budget 2024-2025, le Ministère de la Justice et la Police Nationale d’Haïti (PNH) bénéficient du troisième plus grand budget, après l’Éducation et les Travaux Publics, avec une augmentation de 36 %. » Il a également souligné l’augmentation spectaculaire de 256 % du budget du Ministère de la Défense, déclarant que « la sécurité ne peut pas attendre ».
Cependant, malgré cette planification budgétaire et ses efforts pour relancer certains projets, aucun changement majeur n’a encore été opéré au sein de l’administration publique. Les services publics peinent toujours à répondre aux besoins de base de la population, notamment en matière de sécurité, de justice, d’eau potable, d’électricité et d’assainissement. « Nous avons encore un long chemin à parcourir », a concédé Garry Conille, tout en s’engageant à accélérer les efforts pour améliorer la qualité des services publics.
Cette insatisfaction exprimée par le Premier ministre survient dans un contexte de tensions persistantes entre son gouvernement et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Depuis sa nomination, les désaccords entre Conille et le CPT n’ont cessé de se multiplier, rendant difficile la mise en place de réformes structurelles et ralentissant ainsi la machine gouvernementale. Les divergences de vision et de gestion entre le Premier ministre et les membres du CPT freinent les initiatives qui devraient permettre au gouvernement de répondre de manière plus efficace aux défis socio-économiques du pays.
Conille, malgré sa mainmise sur les ministères stratégiques, fait face à de fortes critiques sur l’inefficacité de son administration. Jusqu’ici, les avancées concrètes sont rares, et les citoyens, victimes de l’insécurité galopante et d’un effondrement des services de base, attendent des mesures tangibles. Les Haïtiens sont particulièrement inquiets de l’incapacité de l’État à rétablir la paix et à assurer des conditions de vie décentes. Le Premier ministre lui-même semble reconnaître cette impasse, en réitérant l’urgence d’un plan budgétaire rectificatif visant à pallier les insuffisances du budget actuel et à « avancer avec les projets non encore finalisés ».
En dépit de cette situation critique, Garry Conille se veut rassurant quant à la capacité de son gouvernement à redresser la barre. Il réaffirme sa détermination à reprendre le contrôle du « véhicule gouvernemental » et à conduire le pays vers une situation plus stable et sécurisée.