MIAMI, dimanche 22 mai 2022– Le président élu dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Montana, Fritz Alphonse Jean estime qu’Haïti est transformé en un Etat d’exception où ce ne sont pas les lois qui régissent le fonctionnement régulier du pays, les relations entre l’Etat et la société et les relations entre l’Etat d’Haïti avec ses partenaires internationaux.
‘‘Etant devenu un Etat d’exception, Haïti a du mal à articuler sa politique et à affirmer son indépendance et sa souveraineté’’, selon Fritz Jean, précisant que la conséquence immédiate de cette situation est que, le pays est soumis à toutes sortes d’ingérences au point qu’une frange de la communauté internationale s’est autorisée depuis quelques temps de décider qui doit diriger ou non la nation.
Répondant aux questions de Island Tv et de RHINEWS, M. Jean indique que le pays est régi par un ensemble de dispositifs ‘‘hors-la-loi,’’ encouragés et entretenus par ce même secteur de la communauté l’internationale.
Selon l’ancien gouverneur de la banque centrale, cela a engendré des relations particulières entre Haïti et la communauté internationale au point qu’un premier ministre a été nommé à la tête du pays par un tweet d’acteurs internationaux au mépris de tout principe légal, constitutionnel et démocratique.
Il évoque également le fait que les institutions chargées de l’opérationnalisation des lois que ce soit au niveau de la justice, du Parlement entre autres, sont inexistantes ; ce qui fragilise davantage le processus démocratique et constitutionnel qui a été interrompu depuis le 13 janvier 2020.
‘‘Pour avoir participé et encouragé le désordre, ce secteur de la communauté internationale craint le changement en Haïti, notamment la transition de rupture préconisé par l’accord de Montana’’, déclare M. Jean.
« Au niveau international, ils craignent un bouleversement total de la situation en Haïti. Ils craignent de ne pas pouvoir influencer les élections et imposer leurs propres les dirigeants au pays contre la volonté du peuple haïtien », déclare Fritz Jean.
Ce bouleversement est nécessaire, dit-il, pour corriger le désordre dans lequel le pays s’installe et qui a déjà provoqué des conséquences néfastes sur la population haïtienne et sur ses voisins de la région.
Selon l’économiste Fritz Jean, c’est ce désordre qui a poussé les haïtiens, privés de la jouissance de leurs droits les plus élémentaires, à fuir massivement leur pays pour se réfugier en Amérique du sud, en Amérique du Nord et dans les Caraïbes en quête de meilleures conditions matérielles de vie.
Avertissant des conséquences néfastes qu’aura cette situation pour tous ceux, des différents secteurs de la vie nationale, qui l’entretiennent et en profitent, M. Jean appelle tous les haïtiens à faire front commun pour renforcer la construction du consensus national prôné par l’accord de Montana afin de sortir le pays de l’impasse.
Selon lui, il est temps que tous les haïtiens s’asseyent autour d’une table afin de dégager une vision commune sur la gestion économique du pays, sur les relations entre l’Etat et la société, sachant qu’il n’existe aucune solution meilleure que celle issue des efforts citoyens du pays.