PORT-AU-PRINCE, mardi 19 novembre 2024 – Dans un communiqué publié ce mardi, Fritz Alphonse Jean, ancien gouverneur de la Banque centrale et conseiller-président, a fermement dénoncé l’escalade de la violence en Haïti, particulièrement dans le département de l’Artibonite et la région métropolitaine de Port-au-Prince. Il a qualifié la situation de “véritable abandon de la population aux mains des groupes armés” et a mis en lumière l’échec cumulé de décennies de gouvernance défaillante et d’inaction face à l’insécurité grandissante.
Ce même jour, des affrontements sanglants ont éclaté à Port-au-Prince, où une quarantaine de membres présumés de l’organisation criminelle Viv Ansanm, dirigée par Jimmy Cherizier alias “Barbecue”, ont été tués. Ces individus, qualifiés de terroristes par les autorités, ont péri lors d’échanges de tirs avec les forces de l’ordre ou suite à des interventions de citoyens armés. Les violences ont notamment touché les quartiers de Bourdon, Canapé-Vert, et Delmas, où des corps sans vie jonchaient les rues après les accrochages.
Les incidents meurtriers surviennent alors que Viv Ansanm aurait tenté de s’étendre à Pétion-Ville, une zone stratégique qu’ils visaient après avoir établi leur contrôle sur plus de 80 % de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Fritz Alphonse Jean, dans son communiqué, a souligné l’urgence de restaurer l’autorité de l’État et de protéger les citoyens :
“Les institutions haïtiennes doivent être renforcées, mais cela nécessite également un soutien immédiat et coordonné de la communauté internationale.”
Il a plaidé pour des mesures concrètes visant à rétablir la sécurité tout en affirmant que la crise exigeait “courage et détermination” pour ne pas laisser le peuple haïtien sombrer davantage dans le chaos.
Alors que les gangs armés continuent d’étendre leur influence, contrôlant désormais environ 85 % de la capitale, le Conseil de sécurité des Nations unies se prépare à tenir une réunion cruciale ce mercredi. Cette session, convoquée à la demande de la Russie et de la Chine, deux membres permanents du Conseil, vise à évaluer les conditions sécuritaires et humanitaires en Haïti. Ces deux puissances ont insisté sur la nécessité de consultations approfondies avant d’approuver tout éventuel déploiement d’une force militaire sous mandat onusien.
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, présentera un exposé détaillé sur la crise qui sévit dans le pays. Elle devrait aborder la montée en puissance des gangs, responsables d’un cycle infernal de meurtres, d’enlèvements, de viols et de déplacements massifs de population. Ces actes de violence ont provoqué une crise humanitaire sans précédent, aggravée par la formation de groupes d’autodéfense qui, bien qu’ils cherchent à protéger les communautés, alimentent la spirale de l’insécurité.
Face à cette situation, Fritz Alphonse Jean a réitéré l’importance d’une coopération internationale renforcée pour aider Haïti à surmonter cette crise. Selon lui, le rétablissement de la sécurité ne peut reposer uniquement sur des initiatives locales :
“Le peuple haïtien ne peut être abandonné. Il est temps d’agir avec fermeté et de reconstruire les bases d’une société stable.”
Le contexte actuel montre une situation où les institutions nationales peinent à fonctionner, laissant un vide comblé par les gangs. Pour de nombreux observateurs, cette réunion au Conseil de sécurité représente une étape cruciale dans la recherche de solutions viables à une crise qui menace non seulement la sécurité de la population haïtienne, mais également la stabilité de toute la région.