“Franklin Dinol, leader de Reconocido arrêté et détenu brièvement révèle l’aggravation de la politique raciste et xénophobe du gouvernement de Luis Abinader”…

SAINT-DOMINGUE, samedi 12 octobre 2024– Le Mouvement Reconocido a dénoncé l’arrestation arbitraire de son coordinateur national, Franklin Dinol, survenue le 12 octobre dans la province d’El Seibo. « Nous condamnons avec la plus grande fermeté le gouvernement de Luis Abinader pour sa responsabilité politique dans cette détention arbitraire », a déclaré l’organisation. Franklin Dinol a été interpellé par des agents de la Police nationale dominicaine alors qu’il se trouvait dans un espace public aux alentours de 6 heures du matin. Ces agents, en se basant sur des critères de profilage racial, lui ont demandé de présenter ses documents d’identité, sans qu’aucun motif raisonnable ne justifie cette demande. Lorsque Dinol a présenté sa carte d’identité dominicaine, les agents ont affirmé que celle-ci était fausse, soutenant qu’il était Haïtien. « Dinol a été menotté et conduit au poste de police d’El Seibo », précise le communiqué.

Durant son interpellation, les policiers ont proféré des insultes racistes à l’encontre de Dinol. « Employant le langage propre aux esbirros [sbires] qui participent aux opérations de répression migratoire, ces agents ont irrespecté notre camarade avec des provocations raciales », souligne le Mouvement Reconocido. Une fois au commissariat, Dinol a été privé de son téléphone portable et menacé de violences physiques. Il a été placé dans une cellule avec des détenus accusés de délits communs, en violation de la Loi de migration 285-04. Le Mouvement indique que « Dinol a présumé avoir été placé dans cette cellule aux conditions insalubres pour provoquer une agression par d’autres détenus ».

Grâce aux protestations publiques dénonçant cette détention illégale, Franklin Dinol a finalement été libéré. Cependant, « lors de sa libération, un haut responsable de la police lui a déclaré que les Dominicains devaient coopérer avec les opérations de répression migratoire, car il y avait une ‘quota de détentions à respecter’ », précise le communiqué. Dinol a également été menacé, les policiers lui indiquant qu’il avait eu de la chance de ne pas avoir été battu et de ne pas avoir fait l’objet de poursuites, bien que, selon le Mouvement, « aucune action de Dinol n’avait interféré avec celles des agents de police ».

Cette détention arbitraire illustre une nouvelle fois la politique répressive du gouvernement d’Abinader à l’égard des personnes noires, qu’elles soient Dominicaines ou Haïtiennes. Le Mouvement Reconocido rappelle que la politique migratoire actuelle, entamée fin 2021, a franchi une étape supplémentaire le 2 octobre avec l’annonce de quotas de 10 000 expulsions hebdomadaires. « Ces expulsions massives sont en violation ouverte de la Constitution dominicaine, de la Loi de migration 285-04 et des traités internationaux de droits humains auxquels la République dominicaine est signataire », déclare le Mouvement.

Le cas de Franklin Dinol démontre que « le gouvernement a suspendu de facto l’État de droit, imposant un État d’exception » où le principe de présomption d’innocence est remplacé par une présomption de culpabilité pour toute personne noire, quel que soit son statut légal. « Le protocole raciste mis en place par ce gouvernement vise à arrêter toutes les personnes noires et à les envoyer dans des centres de détention », souligne le communiqué, faisant référence à des installations comme le centre de Haina, comparé à un camp de concentration.

Le Mouvement a également alerté le Système interaméricain des droits de l’homme sur ces violations flagrantes. « Nous rappelons que la mesure 408-13 de la CIDH exige que le gouvernement dominicain adopte des mesures pour préserver la vie et l’intégrité des membres du Mouvement Reconocido », rappelle l’organisation. L’État dominicain, sous la direction d’Abinader, défie ainsi ces mesures internationales, violant ouvertement les recommandations de la CIDH.

Le Mouvement conclut en affirmant que cette arrestation s’inscrit dans un cadre plus large de persécutions raciales orchestrées par l’administration Abinader. « Les discours de haine alimentés par ce gouvernement, présentant les Haïtiens et les Dominicains d’ascendance haïtienne comme une menace économique et sécuritaire, ont mené à cette escalade de violences », dénonce-t-il. Par conséquent, le Mouvement appelle à « l’arrêt immédiat de cette politique de nettoyage ethnique » et exige la fin des expulsions massives qui affectent les personnes noires, qu’elles soient dominicaines ou immigrées haïtiennes.

Le Mouvement Reconocido annonce qu’il portera cette affaire devant toutes les instances nationales et internationales compétentes.