Fêtes champêtres en Haïti : Entre tradition et réalité socio-économique et intempéries à Trou-du-Nord…

Eglise Saint Jean de Trou du Nord

TROU-DU-NORD, lundi 24 juin 2024 – En Haïti, le 24 juin est marqué par la célébration de la fête de Saint Jean-Baptiste, patron de nombreuses villes dont Miragoâne, Saint Jean du Sud, et Trou-du-Nord. Cette période est généralement une occasion de réjouissances et de rassemblements communautaires. Cependant, à Trou-du-Nord, la fête s’est déroulée cette année dans une ambiance morose, lourdement affectée par la crise économique, les intempéries et les défis quotidiens auxquels fait face la population.

Depuis 2012, Trou-du-Nord bénéficiait d’un approvisionnement électrique 24 heures sur 24, un signe de modernité et de progrès pour cette ville du Nord-Est d’Haïti. Malheureusement, la dégradation de la situation sécuritaire, l’instabilité politique et sociale, ainsi que la hausse des prix du carburant ont drastiquement réduit cette disponibilité. Aujourd’hui, les habitants ne disposent en moyenne que de trois heures d’électricité par jour. Ce rationnement sévère a des répercussions profondes sur la vie socio-économique locale.

Les petites et moyennes entreprises, essentielles à l’économie de Trou-du-Nord, souffrent particulièrement de cette situation. Contraints de recourir à des génératrices pour maintenir leurs activités, les entrepreneurs doivent faire face à des coûts additionnels importants. Ces dépenses se répercutent inévitablement sur les prix des produits et services, rendant la vie encore plus difficile pour les résidents. L’inflation galopante complique davantage l’accès aux produits de base, exacerbant les conditions de vie déjà précaires.

Le chômage reste une plaie béante dans le tissu socio-économique de Trou-du-Nord, touchant principalement la jeunesse. De nombreux diplômés, comme Michalus Étienne, se retrouvent sans emploi malgré leurs qualifications. “On a fait des études et décroché des diplômes sans pouvoir trouver du travail. On ne sait même pas où appliquer pour un emploi. À 29 ans, je vis encore chez mes parents. Ce n’est pas normal, mais que puis-je faire ?”, se désole-t-il. Cette situation pousse les jeunes à l’oisiveté et à la désillusion, alimentant une spirale de pauvreté et de dépendance familiale.

La fête de Saint Jean-Baptiste à Trou-du-Nord cette année a été un reflet poignant des réalités socio-économiques du pays. La pluie s’est mêlée de la partie et a tout gâché, soirée dansante, cultes religieux et sorties en famille, d’autant que cette ville n’a toujours pas disposé de système de drainage et de canalisation. Les faibles infrastructures aggravent les problèmes quotidiens des habitants. Lorsqu’il pleut, les rues se transforment en rivières, rendant la circulation difficile et parfois dangereuse.

Entre les défis quotidiens liés à la crise économique et la persistance des traditions culturelles, la résilience des habitants de Trou-du-Nord reste admirable. Pourtant, il est impératif que des solutions durables soient trouvées pour améliorer les conditions de vie et offrir des perspectives d’avenir à la jeunesse, afin que les futures célébrations puissent retrouver toute leur splendeur et leur joie.

Autrefois, la fête patronale de Trou-du-Nord attirait de nombreux pèlerins venus de toutes parts, surtout parce qu’elle coïncidait avec les vacances d’été. Les hôtels, les petits détaillants et les restaurants faisaient de bonnes affaires. Cependant, ces dernières années, de nombreux Haïtiens expatriés, par peur, n’ont pas fait le déplacement massivement, a observé un reporter de RHINEWS. Cela représente un manque à gagner énorme pour l’économie locale.

En effet, la fête patronale générait traditionnellement des revenus importants pour les commerçants, les hôteliers et les restaurateurs de la région. La diminution de la fréquentation impacte directement ces secteurs, qui dépendent fortement de l’afflux de visiteurs pour leur chiffre d’affaires annuel. Les ventes de produits artisanaux, souvent prisés par les pèlerins et les touristes, ont également chuté, affectant les artisans locaux.

De plus, les organisateurs de l’événement font face à des défis financiers accrus, rendant difficile la mise en place des festivités. La baisse de fréquentation a également des répercussions sur les activités culturelles et les traditions locales, qui perdent en visibilité et en dynamisme. Face à cette situation, les autorités locales cherchent des solutions pour garantir la sécurité des visiteurs et relancer l’attrait de la fête patronale, espérant ainsi inverser la tendance et revitaliser l’économie de Trou-du-Nord.

Les initiatives en cours incluent une campagne de promotion touristique axée sur les richesses culturelles et naturelles de la région, ainsi que des mesures de sécurité renforcées pour rassurer les visiteurs potentiels. Certains commerçants et artisans se tournent également vers des plateformes en ligne pour vendre leurs produits et atteindre une clientèle plus large, espérant compenser la baisse des ventes locales. Il est crucial que les efforts se multiplient pour restaurer la confiance et attirer à nouveau les pèlerins et les touristes à Trou-du-Nord, afin de préserver ce patrimoine culturel et économique essentiel pour la communauté.