FEMODEK et IPAM dénoncent l’arrêté du 9 septembre 2024 : “une imposture politique qui prolonge la crise haïtienne”…

Hugues Celestin, coordonnateur de IPAM, departement du Nord...

QUARTIER-MORIN, samedi 28 septembre 2024– Dans une correspondance, Hugue Celestin, membre de la Federasyon Mouvman Demokratik Katye Moren (FEMODEK) et militant de Inisyativ Patriyòt Maryen (IPAM), a exprimé sa profonde indignation à l’égard de l’arrêté du 9 septembre 2024, publié dans le Moniteur #48, qui consacre la formation d’un Conseil Électoral Provisoire (CEP). Cette décision est perçue comme une tentative de prolonger une transition politique déjà marquée par l’illégitimité, aggravant ainsi la crise sociopolitique d’Haïti.

« Vous avez choisi de bafouer ouvertement le principe démocratique de la souveraineté nationale », déclare Hugue Celestin dans la lettre, dénonçant ce qu’il considère comme une “forfaiture” de la part des autorités. Après huit ans sans élections, durant lesquels le pays a été plongé dans une instabilité croissante et une détérioration rapide des conditions de vie, les espoirs placés dans la restauration démocratique ont été trahis, selon lui.

L’arrêté du 9 septembre, loin d’offrir une sortie de crise, serait, selon Celestin, une tentative délibérée de détourner le pays de la voie de la démocratie. « Vous n’avez rien appris de l’histoire d’Haïti », martèle-t-il, avant d’ajouter que les dirigeants qui persistent dans cette voie finiront « dans l’ignominie et les poubelles de l’histoire », tout comme leurs prédécesseurs autocrates. Pour lui, le gouvernement actuel répète les erreurs d’Ariel Henry, qui avait lui aussi opté pour une gouvernance autoritaire, érodant davantage la légitimité des institutions.

Le militant de FEMODEK pointe particulièrement du doigt les scandales qui continuent d’éclabousser les conseillers du régime, qu’il accuse d’être des « braqueurs de banque » et des « chasseurs de per diem ». Il les accuse d’avoir détourné des fonds destinés aux forces de sécurité du pays, laissant la Police Nationale et les Forces Armées sans ressources face à une insécurité galopante. Cette violence généralisée, note-t-il, a converti des milliers de compatriotes en réfugiés, internes et externes, alimentant un exode massif des Haïtiens vers l’étranger.

La lettre va plus loin en dénonçant la composition et la mission du Conseil Électoral Provisoire formé par cet arrêté. Pour Celestin, ce Conseil « n’est Électoral que de nom » et sa principale mission ne serait pas d’organiser des élections, mais de mettre en place un référendum constitutionnel, un processus rejeté par de nombreux secteurs de la société civile. Il accuse le gouvernement d’avoir mis en place « un écran de fumée destiné à camoufler une prolongation injustifiable de la transition, tout en maintenant la population dans la misère, l’insécurité et l’incertitude ».

Celestin critique en particulier les articles 3 et 6 de l’arrêté, affirmant qu’ils révèlent « la fragrance de votre imposture ». Selon lui, ces articles suggèrent que le Conseil Provisoire est conçu pour perdurer, retardant indéfiniment la tenue d’élections légitimes. Il s’interroge également sur le caractère incomplet du Conseil, affirmant que cela reflète une volonté délibérée de faire traîner le processus. « Spécialistes du lobbying, vous auriez pu aider le secteur des femmes et des droits humains à choisir leurs représentants, si tel était votre intérêt », ironise-t-il.

Le militant de FEMODEK et IPAM rappelle aux autorités que leur mission n’est pas de réécrire la Constitution, mais bien de garantir la tenue d’élections libres, permettant aux Haïtiens d’exprimer leur volonté à travers des représentants légitimes. « Vous ne sauriez prétendre être les représentants légitimes du peuple », avertit-il, tout en leur demandant de démissionner s’ils sont incapables de répondre à cette exigence fondamentale.

La lettre se conclut par un appel urgent à « restaurer l’espoir » et à remettre le pays sur les rails de la démocratie. Pour Hugue Celestin, il est plus que temps de « restaurer la République », car la situation actuelle, marquée par la misère, l’insécurité et l’incertitude, n’est plus tenable.

Cette correspondance souligne l’intensité du mécontentement d’une partie de la société haïtienne face aux récentes décisions du gouvernement. Les militants comme Hugue Celestin voient dans cet arrêté un coup porté aux aspirations populaires, et s’inquiètent de l’impact prolongé d’une transition sans fin sur l’avenir d’Haïti.