PORT-AU-PRINCE, jeudi 22 juin 2023– Accusé d’implication présumée dans le massacre de La Saline, Fednel Monchéry, ex-directeur général du ministère de l’intérieur, est cité à comparaître ce vendredi 23 juin au cabinet d’instruction.
Au moins 71 personnes ont été tuées, plusieurs dizaines d’autres blessées, des femmes et filles voilées par les assaillants qui ont perpétré le massacre, les 13 et 14 novembre 2018 sous l’administration Moïse.
A part Monchéry, l’ex-délégué départemental de l’Ouest, Pierre-Richard Duplan et un ancien policier, Jimmy “Barbecue” Cherizier, actuel chef de la fédération des gangs dénommée « G-9 an Fanmi e Alye », sont également accusés d’implication dans cette affaire pour laquelle ils ont été sanctionnés par le département du Trésor des États-Unis.
Jusqu’ici, les trois hommes ne s’étaient jamais inquiétés et ont toujours nié toute implication dans le massacre de La Saline.
Le traitement de ce dossier a été confié au magistrat Chavannes Étienne, devenu doyen a.i près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince.
Le dossier a été redistribué par l’administrateur du tribunal qui a confié l’instruction de cette affaire au magistrat Jean Wilner Morin.
C’est à titre d’inculpé que le juge instructeur a cité Fednel Monchéry à comparaître, a appris RHINEWS.
Fednel Monchéry est également accusé d’avoir fourni de la logistique et du matériel policier aux bandits pour perpétrer le carnage.
Des vidéos en circulation sur les réseaux sociaux avaient montré les corps de certaines victimes dévorés par des porcs et des chien affamés, sous les regards des habitants de La Saline. D’autres ont été calcinés par les criminels qui, selon les rapports d’enquête des organismes de défense des droits humains, avaient bénéficié du soutien logistique de la police pour perpétrer le massacre.
Ce terrible massacre avait provoqué le déplacement de plusieurs milliers de personnes qui avaient pris refuge à la Place d’Italie au bicentenaire pour échapper à la fureur des massacreurs.
Plus de quatre ans se sont déjà écoulés depuis que le massacre a été perpétré, cependant, ses auteurs présumés courent encore les rues impunément sans s’inquiéter.
Jouissant des mêmes complicités, souligne des organisations des droits humains, les chefs de gangs qui, entre temps, se sont fédérés avec le soutien de la commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR), une agence gouvernementale, ont pris le contrôle d’une bonne partie du territoire du pays, notamment au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince où ils imposent leurs lois.
Ils kidnappent, violent, détournent des camions de marchandise, coupent la livraison du carburant entre autres sans aucune intervention sérieuse du gouvernement et de la police.
Selon le RNDDH, au moins seize (16) massacres ont été perpétrés dans le pays de 2018 à nos jours. A date, aucun procès n’a été engagé contre leurs auteurs.
Le 13 Février 2021, Fednel Monchéry a été arrêté brièvement et libéré illico par des membres du gang “Krache Dife.”
Il avait en sa possession plusieurs plaques minéralogiques.