Port-au-Prince, le 23 décembre 2024 – La Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) a lancé un appel vibrant à la résistance et à la mobilisation collective face à la grave crise multidimensionnelle qui secoue Haïti. Dans un communiqué de presse publié aujourd’hui, l’organisation religieuse a exhorté les citoyens à adopter une résistance « lucide et constructive », fondée sur l’intelligence, le courage et la dignité, pour surmonter les nombreux défis qui paralysent le pays.
« Refusons d’accepter la situation actuelle comme un fait accompli », a déclaré la COPAH, dénonçant une conjoncture marquée par une instabilité politique chronique, une économie en ruine, une violence terroriste omniprésente et une crise humanitaire sans précédent.
Malgré l’instauration du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) à la suite de l’accord du 3 avril 2024, les progrès espérés tardent à se concrétiser. « Le CPT, déjà contesté par des acteurs de la société civile et de la classe politique, est discrédité par un scandale de corruption impliquant trois de ses membres », souligne le communiqué. Ces accusations, portant sur un détournement de 100 millions de gourdes à la Banque Nationale de Crédit, minent davantage la confiance du peuple envers cette instance exécutive.
Sur le plan sécuritaire, la situation reste préoccupante. « Les groupes armés tels que ‘Viv Ansanm’ et ‘Gran Grif’ continuent de semer la terreur, provoquant des massacres, des déplacements massifs et la destruction de biens publics et privés », a déploré la COPAH. Plus de 280 000 personnes ont été déplacées en 2024, et près de 5 000 autres ont perdu la vie, selon des rapports indépendants.
Sur le plan économique, les chiffres sont tout aussi alarmants. En septembre 2024, le taux d’inflation atteignait 27,90 %, tandis que le produit intérieur brut poursuivait sa contraction. Les gangs armés, contrôlant des zones stratégiques, entravent les activités commerciales et instaurent des postes de péage, asphyxiant davantage l’économie.
L’insécurité alimentaire a atteint un niveau critique : 5,4 millions de personnes souffrent de faim aiguë, dont deux millions en situation d’urgence alimentaire. « Les déplacés internes, vivant dans des conditions précaires à Port-au-Prince, font face à une famine extrême et des niveaux critiques de malnutrition », avertit le communiqué.
Face à ces défis colossaux, la COPAH appelle à une réponse concertée pour :
- Restaurer l’État de droit et rétablir la confiance dans les institutions ;
- Éliminer le terrorisme et libérer les territoires sous contrôle des gangs ;
- Fournir une assistance humanitaire immédiate aux populations vulnérables ;
- Mettre en place les conditions nécessaires à des élections inclusives et crédibles.
« Prions et agissons, tout en sachant que la prière est source de force spirituelle », a insisté l’organisation, rappelant que seul un engagement collectif et déterminé permettra de bâtir un avenir meilleur.
« Cette résistance ne doit pas se limiter à des actions symboliques, mais doit s’incarner dans des initiatives concrètes et des engagements collectifs », a souligné la COPAH. L’organisation appelle chaque citoyen à contribuer activement à transformer les structures sociales, économiques et politiques d’Haïti.
La COPAH conclut son appel en exhortant les acteurs nationaux à intensifier leurs efforts pour sortir le pays de cette crise. « L’heure est venue de s’unir et de construire une Haïti digne de ses aspirations », a affirmé la Conférence des Pasteurs Haïtiens.