PORT-AU-PRINCE, jeudi 27 février 2025 –Dans une lettre ouverte adressée aux associations humanitaires et aux organisations de défense des droits humains du monde entier, l’organisation Éveil du Grand Sud et le Symposium du Grand Sud lancent un appel pressant en faveur d’Haïti. Un cri d’alarme qui, selon ces organisations, émane des profondeurs d’un peuple en proie à l’insécurité, à la misère et à l’abandon.
« Haïti vacille au bord de l’abîme », alertent Éveil du Grand Sud et le Symposium du Grand Sud, soulignant que le pays traverse l’une des crises les plus graves de son histoire récente. « Cette terre de liberté, qui a jadis inspiré le monde, est aujourd’hui livrée à une spirale infernale de chaos », poursuivent-ils.
Première République noire libre, Haïti incarne depuis plus de deux siècles le principe universel de l’égalité entre tous les êtres humains. Pourtant, d’après Éveil du Grand Sud et le Symposium du Grand Sud, cette nation jadis fière est aujourd’hui affaiblie par une crise institutionnelle profonde, une économie chancelante et une insécurité galopante.
Les signataires de la lettre ouverte déplorent qu’« une déstabilisation chronique frappe Haïti depuis plus d’une décennie, mais que depuis 2020, la situation a basculé dans une barbarie quotidienne ». Selon eux, des groupes armés, profitant de l’inaction et de la fragmentation du pouvoir, se sont emparés de vastes portions du territoire, y imposant leur loi par la terreur.
Port-au-Prince, la Plaine du Cul-de-Sac, l’Artibonite, l’Arcahaie et Cabaret sont devenus des zones de non-droit, où les enlèvements, les exécutions sommaires et les incendies ravagent des communautés entières. Éveil du Grand Sud et le Symposium du Grand Sud regrettent que « plus de 1,25 million de personnes aient été déplacées, forcées de fuir des villages réduits en cendres ».
Depuis l’assassinat du président en 2021, aucune élection n’a été organisée, laissant le pays sans perspectives de stabilisation politique. « L’aéroport international de Port-au-Prince est fermé depuis près de six mois, et le Grand Sud demeure coupé du reste du pays depuis plus de trois ans », rappellent les auteurs de l’appel.
Face à cet abandon, les 61 communes du Grand Sud ont adopté un manifeste réclamant une prise en charge locale de la sécurité et du développement. Mais cette lutte ne peut se mener seule. L’organisation Éveil du Grand Sud exhorte les associations, organisations humanitaires et gouvernements à agir immédiatement pour :
• Assurer une couverture médiatique accrue : la crise haïtienne ne doit plus être reléguée au silence.
• Organiser une intervention humanitaire massive et décentralisée : une aide immédiate doit être apportée aux populations les plus vulnérables.
• Soutenir la sécurité locale : il est urgent de démanteler les zones de non-droit et de permettre aux régions du Grand Sud de restaurer un dispositif de protection autonome.
Éveil du Grand Sud et le Symposium du Grand Sud rappellent qu’Haïti, qui a inspiré tant de luttes pour la liberté à travers le monde, ne peut sombrer dans l’oubli. « Alors que les médias internationaux s’attardent davantage sur les exactions des gangs que sur les souffrances du peuple, il est urgent de replacer la dignité et la justice au cœur du débat », insistent-ils.
« Le peuple haïtien ne doit pas être laissé à son sort. Il a besoin de la solidarité de tous. Que la voix de la liberté s’élève à nouveau pour Haïti, avant qu’il ne soit trop tard », concluent