Evasions en cascade dans les prisons : Le RNDDH interpelle les autorités pénitentiaires à exercer une plus grande vigilance sur les centres carcéraux

Prison/image d'illustration

Port-au-Prince, samedi 4 septembre 2021- Les prisons haïtiennes deviennent de véritables passoirs où les détenus s’évadent sans grande difficulté même temps normal.

Le tremblement de terre du 14 août a causé d’importants dégâts dans les prisons civiles des départements des Nippe, du Sud et de la Grand-Anse. Fortement endommagés, des bâtiments abritant les détenus ont eu leurs murs fissurés ou effondrés partiellement, ce qui a poussé les autorités pénitentiaires a éparpiller les détenus vers d’autres centre carcéraux, selon un rapport du réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

C’est le cas à la prison civile de l’Anse-a-Veau (Nippes) qui comptait quelques 222 détenus le 14 août au moment du tremblement de terre. En raison des dégâts enregistrés dans ce centre de détention, tous les détenus ont été transféré à la prison de Petit-Goâve, précise le rapport du RNDDH.

Aux cayes (Sud), la prison civile accusait un effectif de 833 prisonniers peu avant le tremblement de terre. Précisant que les secousses provoquées par le séisme ont endommagé les murs d’enceinte de la prison qui sont aujourd’hui fissurés, le RNDDH note que les détenus en ont profité pour s’échapper. Vingt-huit d’entre eux se sont évadés, selon le rapport.

Suite à cette évasion, poursuit le rapport, les responsables de cette prison l’ont partiellement vidée de sa population et cinquante (50) parmi les détenus connus pour leur grande capacité de nuisance, ont été transférés à Petit-Goâve.

A la prison des Cayes, sur un effectif de sept cent trente-neuf (739) détenus dont dix-neuf (19) femmes et dix-huit (18) mineurs. De ce nombre indique le rapport, seuls quatre-vingt-huit (88) sont condamnés. Le reste fait de la prison préventive.

A jérémie, juste avant le séisme, la prison civile comptait 447 détenus dont certains ont profité des secousses qui ont ouvert les portes des cellules pour mettre le feu dans certaines cellules afin de s’échapper. Ils ont cassé les vitres du dispensaire de la prison, blessé à l’aide d’un cadenas le directeur départemental de la police, commissaire divisionnaire Jean-Louis Paul Menard et l’inspecteur divisionnaire Hyppolite Laurent qui a été blessé au pied droit.

Au moins deux des détenus se sont évadés à la faveur du cafouillage qui s’en est suivi, précise le rapport du RNDDH.

A Petit-Goâve où la prison civile accusait un effectif de 213 détenus, pas moins de 235 autres transférés des prisons de l’Anse-a-Veau viennent grossir les rangs des détenus. Apres une première tentative qui a échoué, une évasion a été enregistrée dans la nuit du 1e au 2 septembre au cours de laquelle onze (11) détenus se sont évadés dont quatre (4) ont été tués.

Au total, trente-trois (33) détenus se sont évadés souligne le RNDDH qui relève que les autorités pénitentiaires ne manifestent aucune préoccupation quant a l’effort qu’il faut pour les réappréhender.

Selon le RNDDH, mouvement carcéral qui a été opéré par les autorités pénitentiaires dans les prisons civiles de l’Anse-à-Veau et des Cayes au lendemain du séisme est de nature à causer d’énormes préjudices à tous ceux qui sont encore en situation de détention préventive.

‘’Ils ont en effet été conduits en dehors de leur juridiction de poursuite et sont aujourd’hui éloignés des membres de leur famille qui les soutiennent généralement,’’ précise l’organisation qui recommande que les prisons endommagées par les détenus soient réparées, en vue de les rendre fonctionnelles.

Le RNDDH plaide pour le renforcement de la sécurité des différentes prisons tout en souhaitant que les détenus aujourd’hui incarcérés dans les commissariats et dans la prison inachevée de Petit-Goâve soient retransférés.

L’organisme de défense des droits humains réclame l’achèvement de la construction de la prison de Petit-Goâve en vue de la rendre fonctionnelle, suggérant que des recherches soient engagés pour réappréhender les trente-trois (33) détenus qui se sont évadés de prisons depuis le 14 août 2021.