WASHINGTON, samedi 12 avril 2025– Le président Donald Trump a laissé entendre jeudi, lors d’une réunion de cabinet, qu’un mécanisme pourrait être mis en place pour permettre à certains travailleurs sans-papiers, notamment dans les secteurs agricoles et hôteliers, de quitter les États-Unis puis de revenir légalement si leurs employeurs garantissent leur bonne conduite.
« Un agriculteur pourra venir avec une lettre concernant certaines personnes, disant qu’ils sont excellents, qu’ils travaillent dur. On va ralentir un peu le processus pour eux, puis on les fera revenir légalement », a déclaré Trump devant des journalistes, sans donner de détails concrets sur les modalités envisagées.
Le président a précisé que les personnes concernées devraient quitter le pays « de manière correcte » pour bénéficier de ce retour légal. Il a également évoqué une possible période d’exclusion de 60 jours pour ceux qui ne se conformeraient pas à la procédure.
Interrogé par NBC News, un porte-parole de la Maison Blanche, Kush Desai, a réaffirmé l’engagement de l’administration à sécuriser les frontières, appliquer les lois migratoires et procéder à des expulsions massives, conformément au programme « America First ».
Un responsable de la Maison Blanche a indiqué que Trump souhaite améliorer les programmes H-2A et H-2B, qui permettent le recrutement temporaire de travailleurs étrangers dans l’agriculture, l’hôtellerie ou le divertissement. L’ancien président lui-même a eu recours au programme H-2B dans ses entreprises.
Cette proposition intervient alors que la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a rappelé l’obligation pour les personnes en situation irrégulière de se faire enregistrer via l’application gouvernementale « CBP Home », sous peine de poursuites pénales. Un juge fédéral a validé cette exigence jeudi.
Selon le département de l’Agriculture, 40 % des ouvriers agricoles seraient en situation irrégulière. Dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, ils étaient environ 1,1 million en 2023, soit 7,6 % de la main-d’œuvre, selon l’American Immigration Council.
La proposition de Trump suscite toutefois le scepticisme. « Si Trump veut réellement protéger les ouvriers agricoles, nous sommes prêts à écouter, mais il nous faut un vrai plan. Or pour l’instant, il n’y en a pas », a déclaré Teresa Romero, présidente de United Farm Workers.
Le mois dernier, près de 300 personnes, majoritairement originaires du Venezuela, ont été expulsées vers un centre carcéral au Salvador. Certaines ont été désignées par les autorités comme membres du gang Tren de Aragua, qualifié « d’ennemi étranger » par Trump, qui a invoqué une loi de 1789 pour justifier ces expulsions – des accusations contestées par des proches.
Des opérations de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) se sont multipliées dans les écoles, les universités ou lors de simples contrôles routiers. En février, des arrestations ont eu lieu dans une communauté texane à majorité latino.
Sous pression de secteurs économiques dépendants de la main-d’œuvre immigrée, des chefs d’entreprise ont récemment manifesté à Washington pour réclamer une réforme. La coalition American Business Immigration Coalition plaide pour des permis de travail et un encadrement légal du recrutement.
« Trump commence à négocier les contours de son futur plan migratoire », a estimé l’avocat et chef d’entreprise Artemio Muñiz. « Il a sécurisé la frontière, maintenant nous voulons sécuriser les travailleurs sans-papiers pour ne pas les perdre, car cela ferait exploser les coûts. »