Emmanuel Macron critiqué pour des propos jugés insultants envers Haïti : une plateforme française exige des excuses et des réparations historiques…

Emmanuel Macron, president de France...

PARIS, samedi 23 novembre 2024– En marge du sommet du G20 tenu à Rio, Emmanuel Macron a suscité une vive indignation après des déclarations controversées sur la situation en Haïti. Interrogé sur la crise persistante dans le pays, le président français aurait déclaré : “Ils sont complètement cons” et “Ce sont les Haïtiens qui ont tué Haïti”. Ces propos, perçus comme méprisants, ont choqué l’ensemble des organisations sociales et politiques regroupées au sein de la Plateforme Française de Solidarité avec Haïti, qui a immédiatement réagi par un communiqué dénonçant cette prise de position.

Selon ces organisations, les déclarations d’Emmanuel Macron traduisent une méconnaissance des responsabilités historiques de la France dans les difficultés structurelles d’Haïti. “Nous rappelons à Monsieur Emmanuel Macron que la France est entièrement responsable de la situation de chaos et de désordre, des violences qui règnent à Haïti depuis des décennies et qui arrivent à leur paroxysme”, affirme le communiqué.

Haïti, ancienne colonie française, a obtenu son indépendance en 1804 à la suite d’une révolution menée par des esclaves affranchis. Toutefois, ce pays, premier à abolir l’esclavage après une lutte armée victorieuse, a immédiatement été soumis à des pressions militaires et économiques de la part de la France. Sous la menace d’une nouvelle invasion, Haïti a été contraint d’accepter en 1825 une “dette d’indépendance” de 150 millions de francs, imposée par le roi Charles X pour compenser la perte des colons. “Faut-il encore raviver la mémoire du Président Macron ? Il a fallu plus d’un siècle à Haïti pour rembourser cette rançon injuste, qui a privé le pays de tout développement durable”, souligne le texte.

Les signataires du communiqué considèrent également que la France, aux côtés des États-Unis, du Canada et des institutions internationales comme le FMI, continue d’entretenir des politiques néocoloniales en Haïti. Ils pointent du doigt les interventions répétées, les politiques économiques destructrices et l’ingérence des puissances étrangères à travers des structures comme le Core Group. “La France et ses alliés ont imposé une subordination qui empêche le peuple haïtien de retrouver sa souveraineté légitime”, accuse la plateforme, dénonçant aussi l’incapacité des acteurs internationaux à lutter contre la prolifération des gangs armés qui terrorisent les populations locales.

Lors d’un colloque organisé à Paris le 18 novembre, date hautement symbolique pour Haïti en raison de la commémoration de la Bataille de Vertières, les membres de la plateforme ont renouvelé leurs revendications à l’égard de la France. Ils appellent à une reconnaissance officielle du rôle de la France dans l’instauration et le maintien d’une économie esclavagiste, au remboursement de la dette de l’indépendance qualifiée d’illégitime, et à une réparation pour les dommages écologiques subis par Haïti sous le joug colonial.

“Le colonialisme et le mépris, ça suffit !”, déclare le communiqué, en exigeant également des excuses publiques de la part du président français pour ses propos jugés insultants. “Macron doit reconnaître que ses paroles ne font qu’aggraver un sentiment d’injustice profondément enraciné dans l’histoire des relations franco-haïtiennes”, conclut la plateforme, qui entend amplifier ses actions de solidarité avec le peuple haïtien et sa diaspora.

L’affaire relance le débat sur les réparations et la responsabilité historique des anciennes puissances coloniales envers leurs anciennes colonies. En Haïti, ce sujet reste une plaie ouverte, marquée par des siècles de domination et d’exploitation. Pour les organisations mobilisées, le silence et l’irresponsabilité des dirigeants comme Emmanuel Macron ne peuvent plus être tolérés. “Haïti a payé une rançon pour son indépendance ; aujourd’hui, elle exige justice.”