PORT-AU-PRINCE, dimanche 1er décembre 2024 – Edmonde Supplice Beauzile, présidente du Parti Fusion des Sociaux-démocrates Haïtiens (PFSDH), a qualifié la situation actuelle en Haïti de « catastrophique ». Lors d’une interview au Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS), elle a dénoncé l’incapacité des élites haïtiennes à prendre des décisions bénéfiques pour le pays, affirmant que leur exploitation du désespoir des jeunes a exacerbé l’insécurité et l’instabilité politique. Elle a souligné que les institutions démocratiques se désintègrent progressivement, laissant l’État sans contrôle sur une grande partie du territoire national.
Mme Beauzile a expliqué que les gangs armés, autrefois utilisés par les politiciens pour intimider leurs adversaires, se sont transformés en forces autonomes échappant à tout contrôle. Ces groupes criminels influencent désormais profondément la société haïtienne en s’impliquant dans des activités illicites, contribuant à l’insécurité généralisée. Elle a également rappelé que la gestion politique désordonnée, marquée par une succession rapide de Premiers ministres, a exacerbé les divisions sociales et alimenté une instabilité chronique.
Face à ce tableau sombre, Mme Beauzile a appelé à un « réveil citoyen » et à une prise de conscience collective. Elle a plaidé pour des solutions durables, soulignant que les crises actuelles résultent de décisions politiques désastreuses accumulées au fil des décennies. Selon elle, seule une action concertée entre la population haïtienne et les acteurs politiques peut inverser cette spirale de violence et de désordre.
Le dialogue inclusif est, selon Edmonde Supplice Beauzile, l’un des outils essentiels pour surmonter les différends. Elle a mis en garde contre les risques d’exclusion, affirmant qu’une approche non inclusive ne ferait qu’aggraver les divisions. Elle a ainsi appelé à des discussions ouvertes rassemblant toutes les forces vives de la nation, en insistant sur la nécessité d’un cadre structuré pour reconstruire les institutions, désarmer les gangs et stabiliser le pays.
La présidente du PFSDH s’est également inquiétée de l’implication croissante des jeunes dans les gangs armés. Elle a souligné que certains mineurs, parfois âgés de moins de 15 ans, sont pris dans cet engrenage destructeur. Selon elle, cette situation exige des mesures urgentes pour inverser cette tendance, tout en prenant en compte les implications sociales, économiques et morales de ce phénomène.
Mme Beauzile a plaidé pour un soutien international afin de renforcer la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de mieux lutter contre les gangs. Elle a toutefois insisté sur l’importance de conditions claires et de règles d’engagement précises pour éviter les détournements et garantir l’efficacité de cette aide. Elle a également averti que toute manipulation politique de l’aide internationale pourrait nuire davantage à la situation.
Dans ses critiques, elle a dénoncé l’absence de mesures concrètes pour améliorer les conditions de vie des citoyens, déplorant que l’inaction des autorités alimente un climat de désespoir. Elle a exhorté les dirigeants à agir avec responsabilité et courage pour offrir au peuple haïtien une gouvernance digne et efficace.
Edmonde Supplice Beauzile a affirmé que les problèmes actuels découlent de décennies de corruption et de mauvaise gestion. Elle a accusé les dirigeants successifs d’avoir armé des jeunes vulnérables pour consolider leur pouvoir, contribuant ainsi à la montée incontrôlée des gangs armés. Ces pratiques ont plongé le pays dans une crise humanitaire marquée par des déplacements massifs, une paralysie des services publics et une insécurité alimentaire touchant plus de la moitié de la population.
Elle a également exprimé ses préoccupations quant à la lenteur de la communauté internationale face à la crise haïtienne. Bien qu’elle reconnaisse la nécessité d’une aide extérieure, elle a insisté pour que celle-ci soit orientée vers le renforcement des capacités locales et évite de reproduire les erreurs du passé, notamment celles associées à la mission de la MINUSTAH. Elle a appelé à une collaboration étroite entre les partenaires internationaux et les forces locales.
Enfin, elle a souligné l’urgence d’une réforme en profondeur du système judiciaire pour restaurer la confiance des citoyens. Selon elle, une gouvernance transparente et intègre est essentielle pour mettre fin au climat de méfiance et permettre une reconstruction durable du pays. Edmonde Supplice Beauzile a conclu en exhortant la population haïtienne à ne pas céder au désespoir et à s’engager activement dans la recherche de solutions collectives et durables.