“Edgard Leblanc soutient une mission de maintien de la paix de l’ONU pour combattre les gangs violents”…

PORT-AU-PRINCE, jeudi 26 septembre 2024– Le président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, Edgard Leblanc Fils, a déclaré jeudi qu’il soutenait une mission de maintien de la paix des Nations Unies pour lutter contre la violence des gangs qui continue de submerger les autorités du pays. C’était la première fois qu’un responsable gouvernemental haïtien exprimait publiquement son appui à une telle mission, proposée plus tôt ce mois-ci par les États-Unis, dans le cadre d’un effort pour mobiliser davantage de ressources pour une mission dirigée par le Kenya et soutenue par l’ONU, qui manque actuellement de personnel et de financement.

« Je suis convaincu que ce changement de statut, tout en reconnaissant que les erreurs du passé ne doivent pas être répétées, garantirait le plein succès de la mission », a déclaré Edgard Leblanc Fils lors de la session de l’Assemblée générale des Nations Unies. La mission actuelle, dirigée par le Kenya, a débuté fin juin avec l’arrivée du premier contingent de policiers kenyans en Haïti. Près de 400 policiers kenyans sont actuellement en poste, accompagnés d’une vingtaine de policiers et de soldats jamaïcains. Cependant, ce chiffre est bien en deçà des 2 500 agents promis par plusieurs pays, dont le Tchad, le Bénin, le Bangladesh et la Barbade.

Le mandat de la mission actuelle doit expirer prochainement et doit être renouvelé avant le 2 octobre. Leblanc a exprimé le souhait de voir la mission évoluer vers une mission de maintien de la paix sous mandat des Nations Unies. Cependant, la Russie et la Chine, qui avaient soutenu le mandat initial, ont exprimé des réserves quant à une telle évolution.

Les experts estiment qu’il est peu probable que le Conseil de sécurité de l’ONU approuve une nouvelle mission de maintien de la paix, soulignant que beaucoup de Haïtiens s’opposeraient à cette idée, en raison des abus passés, notamment l’introduction du choléra et des cas d’agressions sexuelles commis par des troupes de l’ONU lors de leur précédente intervention en Haïti.

Depuis le début du XXe siècle, Haïti a connu au moins trois interventions militaires majeures, menées par les États-Unis et les Nations Unies. La première mission de maintien de la paix de l’ONU a été lancée en septembre 1993 et a duré jusqu’en 2000. Puis, en 2004, à la suite du renversement de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, les États-Unis, le Canada, la France et le Chili ont envoyé des troupes en Haïti, qui ont été remplacées par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) jusqu’en 2017. Toutefois, cette mission a laissé un héritage lourd, notamment en raison des abus commis par les forces de maintien de la paix.

Leblanc a reconnu que certaines de ces missions ont temporairement stabilisé le pays, mais a souligné que beaucoup reste à faire. Les gangs armés qui contrôlent environ 80 % de la capitale, Port-au-Prince, sont devenus encore plus puissants depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021.

Selon Leblanc, la violence des gangs affaiblit les institutions du pays, paralyse l’économie et érode l’espoir en un avenir meilleur. Plus de 3 600 personnes ont été tuées au cours du premier semestre de cette année, soit une augmentation de plus de 70 % par rapport à la même période l’année dernière. La violence a également rendu près de 700 000 Haïtiens sans-abri et a forcé des milliers de personnes à fuir le pays.

Mercredi, le président dominicain Luis Abinader a averti qu’il prendrait des « mesures drastiques » si la mission en Haïti échouait, sans toutefois donner de détails. Le Premier ministre haïtien, Garry Conille, a noté qu’environ 25 % des policiers haïtiens avaient quitté le pays, et parmi ceux qui restent, deux sont blessés et un est tué chaque semaine.

Malgré la situation sécuritaire précaire, Conille a déclaré qu’il s’attendait à ce que des élections aient lieu en Haïti d’ici novembre, pour la première fois depuis 2016. Leblanc, de son côté, a exprimé l’espoir que les Haïtiens de la diaspora, en particulier ceux vivant à Springfield, reviendront dans leur pays lorsque les conditions s’amélioreront. Il a également dénoncé les propos xénophobes tenus par l’ancien président américain Donald Trump, qui avait faussement accusé des immigrants haïtiens de Springfield d’avoir enlevé et mangé des animaux de compagnie.

« Les passions qui surgissent naturellement lors d’une campagne électorale ne devraient jamais servir de prétexte à la xénophobie ou au racisme dans un pays comme les États-Unis, un pays forgé par les immigrants », a conclu Leblanc.