DELMAS, dimanche 2 mars 2025 L’opération menée samedi soir dans le fief du chef de l’organisation terroriste “Viv Ansanm”, Jimmy Barbecue Chérizier, au bas Delmas, a échoué à atteindre son objectif. Selon les informations disponibles, Chérizier n’a ni été tué ni blessé durant cette intervention des forces de l’ordre, composée du “task-force” mis en place par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), en collaboration avec la Primature.
Comme souvent après chaque tentative de neutralisation, le criminel a publié une vidéo dans laquelle il se moque de l’opération policière et tente de ridiculiser les forces de sécurité.
Cependant, les informations disponibles font état de plusieurs membres de la bande criminelle qui ont été tués et blessés. Ces images diffusées par Chérizier sont devenues un outil de propagande pour ses partisans et ont mis en évidence les limites de l’action policière face à la menace des terroristes.
Face à cet échec, le gouvernement s’est empressé de communiquer un message optimiste, affirmant que l’opération allait dans la bonne direction. “Le Task Force créé par le gouvernement et le CPT, en moins de 48 heures, commence à porter ses fruits. Une opération d’envergure est en cours au Bas-Delmas : plusieurs bandits ont déjà été neutralisés. Le Premier ministre est totalement mobilisé, la permanence est décrétée”, a déclaré un porte-parole du gouvernement.
Le gouvernement a également insisté sur la détermination de l’État à faire face à la terreur des gangs, déclarant : “L’État ne cédera pas face à la terreur. Peuple haïtien, gardez espoir : le gouvernement se tient à vos côtés dans ces moments difficiles. La victoire contre les gangs est en marche. Haïti reprendra son destin en main.”
Parallèlement, le CPT et la Primature ont exprimé leur solidarité à l’Inspecteur Général Vladimir Paraison, coordonnateur de la sécurité présidentielle, blessé par balle lors d’une autre opération le 27 février 2025 au Champ de Mars. Bien que sa vie ne soit pas en danger, cet incident a renforcé la détermination des autorités à poursuivre leur lutte contre l’insécurité. “Nous continuerons à associer les unités spécialisées, les forces armées et la PNH pour rétablir la sécurité et permettre à la population de vaquer librement à ses occupations”, ont déclaré les responsables.
Cependant, cette opération a suscité des critiques, notamment de la part de Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), qui qualifie la réaction du gouvernement de “maladroite”. Selon lui, bien que la création d’un task-force pour lutter contre les bandes terroristes soit nécessaire, sa gestion directe par le gouvernement ou le CPT n’est pas adéquate. Espérance recommande que cette force spéciale soit placée sous le commandement du chef de la Police Nationale d’Haïti (PNH), afin d’assurer une meilleure coordination et efficacité sur le terrain.
“Le problème de l’insécurité nécessite une approche plus pragmatique”, a déclaré Pierre Espérance. “Les autorités doivent fournir aux forces de l’ordre tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de leurs tâches, et non multiplier les structures parallèles qui risquent de créer des confusions”. Il estime que les opérations policières doivent être mieux planifiées pour rassurer la population, qui souffre d’une insécurité de plus en plus grandissante.
Espérance ne manque pas de critiquer le comportement de l’un des conseillers-présidents, Emmanuel Vertilaire, qu’il accuse de confusion dans ses responsabilités. “Vertilaire prétend être en charge des questions judiciaires au sein du CPT, mais il est lui-même sous enquête pour son implication présumée dans des affaires de corruption”, a ajouté Pierre Espérance, soulignant l’hypocrisie et le manque de cohérence au sein du gouvernement.
L’échec de cette opération et les réactions qui en ont découlé témoignent de la difficulté pour le gouvernement haïtien de faire face à l’ampleur du problème de sécurité, qui reste l’une des préoccupations majeures pour la population. Les autorités devront, à l’avenir, revoir leur stratégie et assurer une gestion plus rigoureuse des forces de l’ordre afin de restaurer la paix et la sécurité sur le territoire national.