ECC salue le rapport du groupe d’experts de l’ONU et souhaite la relance de l’instruction sur la dilapidation des fonds Petrocaribe…

Michel Martelly, ex-president d'Haiti et Laurent Lamothe, ancien premier ministre haitien...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 25 octobre 2023– D’après Ensemble Contre la Corruption (ECC), ‘‘le rapport du groupe d’experts de l’ONU établit le lien entre la gestion catastrophique des fonds PetroCaribe caractérisée par des actes de pillage et de dilapidation par les plus hautes autorités haïtiennes et le phénomène de la gangstérisation généralisée du pays.’’

Se félicitant du rapport, ECC déclare : « Contrairement aux rapports et discours des années précédentes, ies Nations-Unies reconnaissent enfin que les désordres enregistrés dans la gouvernance publique en Haïti engendrent la responsabilité des gouvernants au plus haut niveau de l’État. Aujourd’hui, il est clair pour les Nations-Unies que les autorités étatiques sont responsables de l’insécurité, de la puissance des gangs armés, de la corruption qui gangrène les institutions étatiques et de la dilapidation des fonds PetroCaribe. »

Selon ECC, pour la première fois les Nations-Unies traitent de la question de la dilapidation des fonds PetroCaribe. « Il s’agit pour ECC d’un pas géant dans la lutte contre la corruption et la grande criminalité car, la gangstérisation du pays et de l’État s’est accélérée après que la population eut entamé en mars 2018 un mouvement visant à exiger des comptes sur la gestion et l’utilisation de ces fonds, que le pays a déjà commencé à rembourser. »

L’organisation dit noter que certaines personnalités, indexées par le rapport, ont eu la possibilité de réagir sur les faits qui leur sont reprochés. Elle déplore le fait que les enquêteurs n’aient pas auditionné toutes les personnes dont les noms sont cités dans ledit rapport.

ECC appelle les autorités judiciaires et les responsables des institutions de contrôle qui ont si longtemps omis d’effectuer le travail pour lequel ils sont payés à se racheter de la honte qui inonde les cœurs et les esprits des Haïtiens, mise en œuvre en vue de la reprise, dans les meilleurs délais, de l’instruction relative au dossier PetroCaribe.

L’organisation exhorte les institutions dont la mission est de contrôler l’intégrité des comptes publics, telles : ULCC, BAFE, UCREF, IGF, CSCCA, à finaliser les enquêtes sur le dossier PetroCaribe et à les acheminer aux autorités compétentes.

Devant cet effondrement global de la gouvernance publique, Ensemble Contre la Corruption préconise une entraide judiciaire pour l’organisation de procès exemplaires relatifs aux crimes économiques et de sang commis au cours de ces dix dernières années, le moyen sûr pour mettre fin au régime d’impunité en Haïti.

Selon le rapport d’enquête du groupe d’experts des Nations-Unies qui a enquêté sur la criminalité en Haïti, le détournement des fonds du programme Petrocaribe a perpétué la pauvreté et l’instabilité sociale en Haïti.

Les experts onusiens qui ont analysé plusieurs rapports produits par diverses entités sur l’utilisation des fonds du programme Petrocaribe, affirment que « Les pires détournements ont eu lieu pendant le mandat présidentiel de M. Martelly, de 2011 à 2016, qui a coïncidé avec le mandat de Laurent Lamothe en tant que Ministre de la planification et de la coopération extérieure et Premier Ministre, de 2012 à 2014. »

Ils soulignent que M. Lamothe, qui était l’ordonnateur principal pour le décaissement des fonds, a délivré des autorisations pour un montant total de 668,8 millions de dollars pour 149 projets.

‘‘Martelly et Lamothe ont été contraints de démissionner, mais pas en même temps, en raison des manifestations publiques nationales contre la corruption’’, soutiennent les experts.

Ils rappellent qu’en 2022 et 2023, M. Lamothe a fait l’objet de sanctions par deux États Membres, et M. Martelly, par un État Membre.

Les experts font remarquer que les rapports d’enquête officiels haïtiens ont conclu que, ‘‘sur le montant total de 1 738 691 909 dollars alloué aux projets, environ 92 % avaient été dépensés sur la base d’autorisations douteuses et que pratiquement aucun projet n’avait été réalisé.’’

Selon eux, « le pays s’est retrouvé dans l’impossibilité de régler ses problèmes économiques et sociaux et, en août 2023, consacrait encore 10 millions de dollars par mois au remboursement du prêt, alors qu’il voyait à peine les retombées des projets eux-mêmes. »

Le Groupe d’experts affirme avoir contacté M. Lamothe, qui a nié avoir jamais détourné ces fonds Petrocaribe.