PORT-AU-PRINCE, samedi 27 janvier 2024– Ensemble Contre la Corruption (ECC) a identifié huit défis majeurs dans la lutte contre la corruption en Haïti pour l’année 2024. Ces défis touchent différents aspects du système judiciaire, de la société civile, de la magistrature, des procès emblématiques, de la volonté politique, de la gouvernance publique, des entreprises publiques, et de la fourniture de services publics en ligne. Dans cet article, nous explorerons ces défis et les recommandations d’ECC pour les surmonter.
Le premier défi majeur identifié par ECC est de garantir une complète autonomie et indépendance de fonctionnement au système judiciaire par rapport aux pouvoirs législatif et exécutif. Actuellement, des obstacles subsistent malgré l’existence du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ). ECC recommande une modification de la loi organique du CSPJ pour lui accorder une pleine autonomie dans la gestion de son budget, des ressources humaines, et dans le pouvoir de nomination et de révocation sur l’ensemble du pouvoir judiciaire.
ECC préconise la promotion d’une société civile organisée, forte, déterminée et motivée comme gardienne contre la corruption. Il appelle à la formation de réseaux d’information et de réprobation dans tout le pays, permettant aux citoyens de lancer des alertes en toute sécurité. Les fonctionnaires honnêtes devraient également s’organiser et partager des informations liées à la corruption avec des organisations de la société civile spécialisées.
ECC souligne la nécessité de créer un pôle financier national anti-corruption au sein de la magistrature, capable de mener des enquêtes judiciaires sur toute l’étendue du territoire. Ceci est crucial pour traiter les crimes financiers de manière spécialisée et efficace.
En attente depuis longtemps, ECC exhorte le démarrage de procès exemplaires contre des cas emblématiques de corruption, en particulier le Procès Pétro Caribe. Il souligne l’importance de la coopération judiciaire internationale pour garantir un procès équitable et transparent.
Pour lutter efficacement contre la corruption, ECC insiste sur l’exigence d’une volonté politique claire de la part des dirigeants de l’État et des partis politiques aspirant à diriger le pays. La transparence, la reddition de comptes et le respect des normes de bonne gouvernance sont essentiels.
ECC recommande d’aligner la gouvernance publique haïtienne sur les normes internationales de bonne gouvernance démocratique énoncées dans la Convention des Nations Unies contre la Corruption et la Convention Interaméricaine contre la Corruption.
Un grand ménage dans les entreprises et institutions publiques autonomes est essentiel selon ECC. Il propose des réformes, dont l’obligation d’un audit externe indépendant, la communication publique des bilans financiers, et la mise en place de conseils d’administration fonctionnels et solides.
En réponse au versement de bakchich aux fonctionnaires corrompus, ECC recommande la fourniture de services publics en ligne. Un programme pilote à partir de 2024, débutant par les Archives Nationales, pourrait moderniser le système, assurant transparence et efficacité.
Ensemble Contre la Corruption s’est dit convaincu que la réalisation de ces huit défis constitue une étape cruciale vers la lutte efficace contre la corruption en Haïti. Ces recommandations, si mises en œuvre, contribueront à renforcer la confiance des citoyens dans les institutions publiques et à promouvoir une gouvernance plus transparente et démocratique.