PORT-AU-PRINCE, jeudi 5 septembre 2024-Dans deux correspondances séparées adressées au ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Carlos Hercule, ainsi qu’à l’Inspecteur général en chef de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Frantz Thermilus, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a exposé des violations graves des droits humains impliquant des membres des forces de l’ordre. La première lettre, datée du 5 septembre 2024, répond à une communication du ministre informant de la création d’une commission d’enquête sur l’assassinat de Josème Joseph et la bastonnade de sa conjointe, Gerna Nordeus. Le RNDDH a exprimé ses inquiétudes en apprenant que des proches du magistrat James Jean-Louis, accusé d’être impliqué dans ces crimes, tentaient de le faire quitter le pays.
Le RNDDH a fourni des informations supplémentaires concernant cinq agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) qui, sur ordre et en présence de James Jean-Louis, se sont introduits dans la résidence des victimes dans la nuit du 1er au 12 août 2024. Ils ont violemment agressé le couple avant de quitter les lieux avec Josème Joseph, dont le corps a été retrouvé dans une morgue privée des Cayes le 13 août 2024. Ces policiers sont Donald Jean-Louis, frère du magistrat et membre de la Brigade d’Opération et d’Intervention Départementale (BOID), Marc Arthur Beloge, Rodrigue Joseph et Zarré Jean Mary, affectés à l’Unité Départementale pour le Maintien de l’Ordre (UDMO), et Jean Remy Lima, de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP).
Une copie de cette lettre a également été transmise à l’Inspection Générale de la Police Nationale d’Haïti (IGPNH), sollicitant une enquête sur les actions des policiers impliqués. Toutefois, le RNDDH a critiqué la mise en place d’une commission d’enquête, estimant que cette procédure ne ferait que retarder la justice et renforcer l’impunité. « Le RNDDH estime que dans un cas aussi flagrant, il n’était nul besoin d’une commission d’enquête qui ne fera que perpétuer l’impunité », a déclaré l’organisation. En tant que ministre de la Justice et premier vice-président du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), le RNDDH a demandé à Maître Carlos Hercule de prendre des mesures immédiates pour que toutes les personnes impliquées dans ce crime soient arrêtées, jugées et condamnées selon la loi.
Dans la deuxième correspondance, envoyée à Frantz Thermilus le 4 septembre 2024, le RNDDH a soumis deux dossiers distincts à l’IGPNH pour enquête. Le premier concerne l’assassinat de Josème Joseph et la bastonnade de sa conjointe, des faits déjà décrits dans la première lettre. Le second dossier concerne la disparition de Bobson Abraham, un chauffeur de taxi-moto de 28 ans, porté disparu depuis le 7 juin 2024. Bobson Abraham utilisait une motocyclette de marque Torito Bajij appartenant à Lorigène André. Le 24 juin 2024, son frère, Christ Tamy Abraham, a aperçu cette moto à Delmas 33 avec deux occupants à bord. Après avoir signalé la situation aux policiers présents, les deux individus, Ronald Lamy et Romain Félicien, ont été interpellés. Lors de leur audition, ils ont affirmé travailler pour le compte du docteur Jonas Désir, qui avait acheté la moto à un policier du nom de Pierre Ted Sebastien, attaché au poste de police de Gérald Bataille. Toutefois, selon le RNDDH, ce policier était introuvable.
Le RNDDH a dénoncé l’implication directe de six agents de la PNH dans ces violations des droits humains. Concernant l’affaire Josème Joseph, le RNDDH a affirmé que les cinq policiers susmentionnés ont torturé le couple avant d’exécuter froidement Joseph. Dans l’affaire Bobson Abraham, le policier Pierre Ted Sebastien doit être interrogé sur son rôle dans la disparition du jeune homme.
Le RNDDH a rappelé que les exécutions sommaires, les actes de torture et les disparitions forcées sont interdits par la Constitution haïtienne, les lois en vigueur et le Code de déontologie de la PNH. L’organisation a exhorté l’IGPNH à ouvrir une enquête complète sur les agissements de ces policiers, en transmettant les résultats aux autorités judiciaires pour que les coupables soient jugés et condamnés. « C’est pourquoi, le RNDDH sollicite l’ouverture d’une enquête autour des agissements de ces agents et le transfert des résultats de vos investigations aux autorités judiciaires pour qu’ils soient arrêtés, jugés et condamnés pour les crimes perpétrés », a conclu l’organisation.