PORT-AU-PRINCE, mardi 31 décembre 2024 – Une enquête de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a été ouverte à la suite de l’attaque sanglante menée par l’organisation“Viv Ansanm” contre l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH). Cet événement tragique s’est produit lors de la tentative de réouverture du plus grand centre hospitalier d’Haïti, connu sous le nom de l’Hôpital Général. Dans le cadre de cette enquête, l’ancien ministre de la Santé publique, Duckenson Lorthé Bléma, a été convoqué à la DCPJ pour s’expliquer le vendredi 3 janvier 2025.
L’attaque contre l’HUEH, survenue le 24 décembre 2024, a été perpétrée par des membres de Viv Ansanm, dirigé par l’ancien policier Jimmy Chérizier, alias “Barbecue”. Ils ont ouvert le feu sur une assistance réunie pour cet événement symbolique, causant la mort de deux journalistes, Markenzy Nathoux et Jimmy Jean, ainsi que d’un policier. Sept autres personnes ont été grièvement blessées, plongeant le pays dans une profonde consternation.
Ces événements tragiques ont suscité des accusations contre l’ex-ministre Duckenson Lorthé Bléma, notamment en raison de sa gestion de la sécurité de l’événement. Selon Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le ministre révoqué aurait négligé de coordonner les mesures de protection avec les forces officielles, préférant des arrangements informels avec des groupes armés. Cette méthode, bien qu’utilisée lors de la réouverture de la Maternité Isaïe Jeanty, a cette fois conduit à un désastre.
Des allégations impliquent également Rosemila Petit-Frère, ancienne mairesse de l’Arcahaie, dans des négociations avec des organisations criminelles. Ces pratiques, jugées alarmantes, reflètent une dépendance croissante des autorités à des acteurs illégaux, au détriment de la sécurité publique.
Face à la gravité de la situation, le gouvernement a révoqué Duckenson Lorthé Bléma, mettant en lumière des lacunes graves dans la coordination entre les autorités sanitaires et sécuritaires. Patrick Pélissier, avocat et docteur en droit, a été nommé ministre par intérim pour reprendre les rênes du ministère. L’enquête en cours pourrait également conduire à la convocation d’autres individus proches de Bléma.
Les condamnations nationales et internationales contre l’attaque de “Viv Ansanm” ont été immédiates et unanimes. Les Nations Unies, l’Union Européenne, les États-Unis et plusieurs partenaires internationaux ont dénoncé cet acte de violence. Ils ont rappelé la nécessité de protéger les infrastructures publiques, en particulier les hôpitaux, qui jouent un rôle vital dans la survie de la population. Les États-Unis, par le biais de leur ambassade à Port-au-Prince, ont exprimé leur solidarité avec le peuple haïtien, appelant à des mesures décisives pour enrayer la violence des gangs.
Cette tragédie met en lumière la détérioration alarmante de la sécurité en Haïti. Le groupe “Viv Ansanm”, dirigé par Jimmy Chérizier, est devenu un symbole de la montée en puissance des gangs armés, qui paralysent les institutions publiques et terrorisent les civils. Alors que l’enquête avance, l’audition de Duckenson Lorthé Bléma sera cruciale pour établir les responsabilités et éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
Les autorités locales et la communauté internationale s’accordent à dire que des actions urgentes et coordonnées sont nécessaires pour restaurer la stabilité et garantir la sécurité des infrastructures essentielles, comme l’Hôpital Général, pilier du système de santé haïtien.