Dimanche, 24 septembre 2023– En juin 2023, le journaliste Widlore Mérancourt de l’organe de presse en ligne Ayibopost a publié un article intitulé : Delphine Gardère accusée de “coup d’État” à la CFHCI (Chambre Franco-Haïtienne de Commerce et d’Industrie).
Le 31 juillet 2023, la nouvelle présidente de la CFHCI et ses avocats Mes Paul Edouard Ternier, Judith Normil Brunache et Joseph P.N. Ducasse ont sommé le journaliste Widlore Mérancourt et Ayibopost de lui communiquer via ses avocats « tous les documents prouvant les allégations et imputations contenues dans ledit article » (sic)
Cette sommation de Delphine Gardère a fait l’objet d’une protestation par exploit d’huissier de la part du journaliste et de ses avocats Mes Jean Gary Remy et Samuel Madistin jugeant la
« sommation indécente et qu’elle s’apparente à une attaque inacceptable contre la liberté d’expression, laquelle constitue la base de toute société démocratique»
Le journaliste a déclaré dans sa sommation responsive qu’il n’entend nullement obtempérer à la sommation de Delphine Gardère pour les raisons suivantes :
- Le droit à l’information du public et le droit du public à l’information sur les agissements de ceux et celles qui brigue des fonctions ayant un intérêt certain pour le public est un droit constitutionnel ;
- Que la qualité de journaliste indépendant du requérant l’oblige à ne pas se soumettre aux pressions et au chantage des forces politiques et économiques dans le cadre de son travail ;
- Que la liberté d’expression, pierre angulaire de toute société démocratique, vaut pour les idées accueillies avec faveur comme pour celles qui heurtent, qui choquent ou qui inquiètent selon les termes de l’arrêt Handyside de la Cour européenne des droits de l’homme ;
De plus, le journaliste a fait injonction à Delphine Gardère de cesser ces ennuis et de se conformer à la loi vu que :
- la liberté d’expression est prévue et règlementée par la Constitution de la République, les Conventions Internationales ratifiées par Haïti et les lois de la République ;
- la liberté d’expression consiste pour tout citoyen -ne à rechercher, à recevoir et à diffuser des informations conformément au droit du public à l’information et au droit à l’information du public.
Mécontente de cette réponse le 14 septembre 22023, Delphine Gardrere, par exploit de l’huissier Romuald Grand Pierre du Tribunal civil de Port-au-Prince porte le litige par devant la chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince pour délit de presse et diffamation.
Le refus de révéler ses sources ne peut être assimilé au délit de presse, encore moins à la diffamation estime l’avocat de Ayibopost Me Samuel Madistin.
L’action de la nommée Delphine Gardère porter l’empreinte du temps de la dictature des Duvalier estime l’homme de loi. Mme Gardere, dans le cadre de son action, ne tient pas compte de l’évolution du droit à la protection des sources journalistiques fait remarquer Me Madistin. Elle offre une opportunité au juge haïtien sur la portée du droit à la protection des sources journalistiques et le droit des journalistes d’investigation dans le cadre de leur travail. Delphine Garde1re a abusé de son droit d’ester en justice et paiera les conséquences de son action téméraire prévient l’avocat de Ayibopost.
A deux semaines de l’ouverture des tribunaux, voilà une affaire qui commence déjà à faire saliver et qui promet des débats intéressants.