Dr. Roger E. Biamby dénonce la campagne raciste de Donald Trump et JD Vance contre les Haïtiens, en rappelant l’héritage de la ségrégation aux États-Unis, de l’apartheid en Afrique du Sud et du massacre de Tulsa…

Dr. Roger E. Biamby, politologue, Analyste et activiste politique

MIAMI, (FL), dimanche 15 septembre 2024– Le docteur Roger E. Biamby condamne avec force la campagne raciste orchestrée par Donald Trump, ancien président des États-Unis, et JD Vance, sénateur de l’Ohio et allié de la mouvance ultra-nationaliste du Parti Républicain. Ces leaders politiques ont récemment lancé des accusations infondées et calomnieuses à l’encontre de la communauté haïtienne, en la dépeignant de manière grossière et offensante. Ils ont notamment insinué que les Haïtiens se nourriraient d’animaux domestiques, des accusations non seulement ridicules mais aussi dangereuses, car elles alimentent des stéréotypes raciaux profondément enracinés dans l’histoire américaine et rappellent des systèmes d’oppression comme la ségrégation aux États-Unis et l’apartheid en Afrique du Sud, ainsi que leurs conséquences économiques et sociales dévastatrices, selon Biamby.

Il souligne que depuis l’époque de l’esclavage, les Noirs, en particulier les descendants d’Africains, ont été soumis à des systèmes d’oppression fondés sur la couleur de la peau. Aux États-Unis, après l’abolition de l’esclavage en 1865, les Afro-Américains ont été confrontés à un autre système brutal de ségrégation raciale connu sous le nom de « lois Jim Crow », qui a perduré jusqu’à la moitié du 20e siècle. Ces lois ont institutionnalisé la séparation raciale dans tous les aspects de la vie publique et privée, notamment dans les écoles, les transports, les hôpitaux, et même les cimetières.

Biamby affirme que les effets de la ségrégation raciale aux États-Unis ne se sont pas limités à des barrières sociales ; ils ont créé un écart économique abyssal qui persiste aujourd’hui. Les lois Jim Crow ont institutionnalisé une séparation physique entre les races, imposant aux Noirs américains de vivre dans des quartiers distincts, souvent sous-équipés et insalubres. Le manque d’accès à des ressources économiques de base telles que des prêts hypothécaires, une éducation de qualité et des emplois bien rémunérés a fait en sorte que les Noirs américains ont été maintenus dans la pauvreté pendant des générations. Un exemple frappant de cet héritage est l’écart de richesse entre les ménages noirs et blancs aux États-Unis. En 2023, les ménages noirs possèdent en moyenne environ 24 000 dollars en actifs nets, contre près de 190 000 dollars pour les ménages blancs. Cette disparité est le produit d’une longue histoire de discrimination, de redlining (pratiques bancaires discriminatoires), et de manque de réparations économiques après l’esclavage.

Un exemple tragique de la manière dont la ségrégation a pu non seulement marginaliser mais aussi détruire des communautés noires prospères est le massacre de Tulsa en 1921. Située dans le quartier de Greenwood, surnommé « Black Wall Street », la communauté noire de Tulsa était l’une des plus riches des États-Unis à l’époque, avec ses propres entreprises, banques, écoles et infrastructures indépendantes. Cependant, en juin 1921, une foule blanche a pris d’assaut le quartier, pillant, incendiant et tuant plus de 300 Noirs. Ce massacre, qui a également conduit à la destruction de plus de 1 200 maisons et à la ruine de centaines d’entreprises, a effacé en quelques jours des décennies de réussite économique noire. Cet événement illustre de façon brutale comment la ségrégation et le racisme ne se limitaient pas à l’exclusion économique, mais prenaient parfois la forme de violence collective pour annihiler tout succès noir visible.

Il ajoute que les conséquences sociales de la ségrégation ont également façonné la société américaine. Les Afro-Américains étaient exclus des institutions publiques telles que les écoles et les hôpitaux, ce qui a perpétué une inégalité d’accès aux services de base. Les taux de pauvreté, de chômage et de mortalité infantile sont restés beaucoup plus élevés dans les communautés noires que dans les communautés blanches, créant un cycle de pauvreté générationnelle. L’inégalité dans l’accès aux soins de santé, par exemple, a conduit à des disparités dans l’espérance de vie : les Noirs américains vivent en moyenne trois à quatre ans de moins que les Blancs, une statistique qui reflète des décennies de négligence structurelle.

De l’autre côté de l’Atlantique, poursuit Biamby, l’apartheid en Afrique du Sud a créé des conditions similaires, bien que plus extrêmes, pour les populations noires. Sous le régime de l’apartheid, la majorité noire n’avait pas le droit de posséder des terres dans les zones les plus fertiles, ce qui a favorisé une accumulation des richesses par la minorité blanche. La politique de « Bantu Education » a en outre imposé un système éducatif médiocre pour les Noirs, destiné à maintenir une main-d’œuvre docile et peu qualifiée. Aujourd’hui, bien que l’apartheid soit officiellement terminé, l’écart de richesse entre Blancs et Noirs reste massif : en 2023, les Noirs sud-africains représentent 90 % de la population, mais ils ne détiennent que 8 % des richesses du pays.

« En explorant ces systèmes d’oppression, il est important de noter que les politiques racistes actuelles aux États-Unis, comme les discours de Trump et Vance, ne sont pas isolées du contexte historique. Elles s’inscrivent dans une longue continuité de tentatives visant à maintenir la domination blanche tout en stigmatisant les minorités raciales », déclare M. Biamby.

Il souligne également le rôle des Haïtiens dans la construction des États-Unis, souvent oublié ou minimisé, qui mérite également d’être mis en lumière. ‘‘Dès la guerre d’indépendance américaine, les Haïtiens ont joué un rôle crucial, comme lors de la bataille de Savannah en 1779, où un régiment de 500 hommes haïtiens a combattu aux côtés des forces américaines contre les Britanniques. Leur contribution ne s’arrête pas là. Le général Toussaint Louverture, figure emblématique de la révolution haïtienne, a influencé les débats sur la liberté et l’abolition de l’esclavage en Amérique du Nord, servant de symbole pour les esclaves noirs en quête de liberté,’’ rappe-t-il.

En dehors du domaine militaire, ajoute-t-il, des Haïtiens ont également marqué le paysage culturel et intellectuel des États-Unis. Jean-Michel Basquiat, un artiste haïtien-américain, a révolutionné l’art moderne avec ses œuvres provocatrices qui dénonçaient le racisme et l’injustice sociale. Également, le Dr Pierre Toussaint, ancien esclave haïtien devenu coiffeur et philanthrope à New York au XIXe siècle, a joué un rôle crucial dans le développement des soins aux pauvres et dans l’émancipation des Afro-Américains. Ces figures montrent que les Haïtiens, loin d’être marginalisés, ont contribué à façonner des aspects fondamentaux de la société américaine.

Selon Biamby, malgré ces contributions historiques, la situation actuelle des Haïtiens aux États-Unis est loin d’être enviable. La communauté haïtienne continue de faire face à une série de défis majeurs, exacerbés par les politiques migratoires restrictives et parfois inhumaines. L’administration Trump, notamment, a cherché à mettre fin au Statut de Protection Temporaire (TPS) accordé à près de 55 000 Haïtiens suite au tremblement de terre de 2010. Bien que cette décision ait été suspendue par les tribunaux, l’incertitude plane toujours pour des milliers de familles haïtiennes qui risquent d’être déportées vers un pays en proie à des crises politiques, économiques et humanitaires.

Les Haïtiens vivant aux États-Unis sont également confrontés à la violence verbale et physique alimentée par des discours racistes. Selon le Southern Poverty Law Center, les crimes de haine à l’égard des Noirs et des immigrés ont augmenté de 55 % entre 2016 et 2020, coïncidant avec la montée au pouvoir de leaders politiques prônant une rhétorique nationaliste blanche. Ces attaques, souvent motivées par des stéréotypes raciaux, rappellent douloureusement les campagnes de haine qui ont caractérisé d’autres périodes sombres de l’histoire des États-Unis, telles que la montée du Ku Klux Klan au début du XXe siècle.

Selon lui, l’impact économique de ces politiques est également considérable. Les immigrants haïtiens aux États-Unis, notamment ceux travaillant dans les secteurs de la santé et du bâtiment, contribuent chaque année des milliards de dollars à l’économie américaine. Cependant, les restrictions imposées à l’immigration menacent de priver ces secteurs vitaux de main-d’œuvre qualifiée. En outre, de nombreux Haïtiens en situation irrégulière sont privés de droits fondamentaux, notamment l’accès aux soins de santé et à l’éducation pour leurs enfants, aggravant leur précarité.

« L’histoire d’Haïti elle-même, première nation noire indépendante, est intimement liée à celle des luttes pour la liberté et l’égalité. Pourtant, malgré cet héritage de résistance, les Haïtiens continuent de subir les conséquences de siècles d’exploitation et d’oppression, tant à l’intérieur de leurs frontières qu’à l’étranger. Le racisme et la xénophobie qui alimentent les discours de Trump et Vance sont les héritiers directs de ce passé colonial et esclavagiste », déplore Biamby.

Cependant, il note que l’indépendance haïtienne proclamée en janvier 1004, fut une, qui  victoire a eu un coût élevé. La jeune nation a été contrainte de payer une rançon exorbitante à la France pour obtenir la reconnaissance de son indépendance, un fardeau qui a gravement affecté son économie pendant plus d’un siècle. Cet héritage colonial continue de peser sur Haïti aujourd’hui, exacerbant ses difficultés économiques et sociales. Alors que d’autres victimes d’atrocités historiques, comme les Juifs après l’Holocauste, ont reçu des réparations, Haïti attend toujours que justice lui soit rendue.

Le Dr. Biamby exhorte la communauté internationale à se solidariser avec les Haïtiens et à dénoncer fermement les propos racistes de Trump et Vance. Il rappelle que les droits des migrants et des minorités doivent être protégés, et que les politiciens qui utilisent la haine pour obtenir des voix doivent être tenus responsables de leurs actes. Il souligne également que les Haïtiens ont contribué de manière significative à la construction des États-Unis, tant sur le champ de bataille que dans le monde du travail, et que leurs droits doivent être respectés.

Enfin, il appelle les Haïtiens à faire bloc contre cette campagne de haine en utilisant leur droit de vote pour défendre la dignité et l’intégrité de la communauté haïtienne aux États-Unis. ‘‘La lutte contre le racisme et la suprématie blanche ne peut réussir que si tous les Haïtiens, quelle que soit leur origine ou leur statut, appartenance idéologique ou religieuse, s’unissent pour défendre leurs droits et leur avenir,’’ soutient Biamby.