Miami, lundi 24 janvier 2022– Réagissant aux déclarations du sous-secrétaire américain aux affaires hémisphériques, Brian Nichols, Roger Biamby a dénoncé lundi les manœuvres de l’administration Biden pour faire échouer les initiatives entreprises par divers secteurs nationaux pour résoudre la crise haïtienne.
A l’issue d’une conférence virtuelle sur Haïti réunissant les ministres des affaires étrangères d’une douzaine de pays, Brian Nichols a déclaré vendredi dernier que “le mandat du premier ministre Ariel Henry n’est pas à celui de l’ancien président Jovenel Moïse. Ariel Henry peut se maintenir au pouvoir au-delà du 7 février 2022,” a-t-il ajouté.
‘‘C’est une absurdité, a lancé l’activiste politique qui a souligné que le premier ministre de fait n’a aucun mandat aussi bien que Jovenel Moïse dont le mandat a expiré depuis le 7 février 2021, au regard de l’article 134-2 de la constitution amendée de 1987.’’
‘‘De quel mandat parle-t-il. Est-ce qu’il nous prend tous pour des imbéciles, s’est interrogé Roger Biamby.’’
Interrogé par RHINEWS, il a dit déplorer que le responsable américain ne connaisse pas l’histoire d’Haïti et probablement sa propre histoire en tant qu’afro-américain, sinon, a souligné Biamby, il aurait un comportement plus digne dans le traitement du dossier haïtien.
Pour M. Biamby, cette attitude des américains traduit non seulement leur mépris et hypocrisie par rapport au peuple haïtien, mais aussi leur incohérence.
Il a rappelé que Brian Nichols fait partie de hauts fonctionnaires de l’administration Biden qui ont toujours indiqué que les Etats-Unis se gardaient de s’immiscer dans la politique d’Haïti et qu’il revenait aux haïtiens de trouver eux-mêmes une solution à la crise.
“Alors que les haïtiens sont en passe d’aboutir à une solution consensuelle à la crise, aujourd’hui, a-t-il souligné, ce sont ces mêmes dirigeants américains qui veulent faire obstacle aux initiatives des haitiens pour résoudre leurs problèmes, même si les Etats-Unis en sont responsables en grande partie.”
Le politologue a exhorté tous ceux qui sont engagés véritablement dans la recherche d’une solution haïtienne, particulièrement ceux qui assurent le leadership de l’accord Montana à poursuivre leurs efforts jusqu’au bout afin que le processus de mise en place d’un gouvernement provisoire pour diriger la transition de rupture puisse aboutir.
Selon Roger Biamby, “les haïtiens ne doivent pas céder au chantage ni aux intimidations des fonctionnaires du département d’Etat américain qui agissent, a-t-il affirmé, sous l’influence du clan Clinton qui veut maintenir Haïti dans son état actuel de misère, de pauvreté et d’insécurité généralisée par l’imposition de dirigeants incompétents et corrompus dont la mission est de protéger les intérêts américains au détriment de ceux du pays.”
L’analyste politique a déclaré que, les américains sont paniqués aussi bien que ceux que les apatrides qui travaillent pour eux sur le terrain en Haïti de voir que les haïtiens, en dépit de profondes divergences, pouvaient se mettre d’accord sur une formule de sortie de crise.
“Ce que proposent les américains comme solution, ce sont des élections alors qu’aucune condition politique, technique et sécuritaire n’est réunie et les citoyens ne sont prêtes à aller aux urnes sans le désarmement des gangs criminels qui étendent dangereusement de plus en plus leurs territoires dans l’indifférence totale des tenants du pouvoir,” a soutenu M. Biamby.
Il a déclaré que ‘‘les américains ne sont là pas pour nous dicter ce que nous devons faire. Nous savons ce que nous devons faire et comment il doit être fait, soulignant du même coup la nécessité pour les haïtiens de se débarrasser de l’influence américaine.”
Roger Biamby a appelé à l’éveil des élites haïtiennes aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur et à la mobilisation des masses populaires pour forcer Ariel Henry a rendre le pouvoir le plus vite que possible afin d’entamer une vraie transition qui permettra de créer les conditions nécessaires a un retour a l’ordre constitutionnel et démocratique.
Selon Biamby, les américains veulent profiter de la situation particulièrement vulnérable d’Ariel Henry, accusé d’implication présumée dans le meurtre de l’ancien président Jovenel Moïse afin qu’il puisse exécuter, à volonté, leurs basses œuvres en Haïti.
Il a indiqué que les haïtiens doivent tout mettre en œuvre pour que les Etats-Unis mettent fin à leur politique de domination en Haïti, arguant que le pays ne doit se soumettre à la doctrine de Monroe jugée anachronique. ‘‘Il est temps de changer de paradigme, on doit cesser de considérer notre pays comme leur back yard’’ (arrière-cour), a déclaré Roger Biamby.