Par jacques Kolo,
Port-au-Prince, 30 août 2020 (RHInews)- Les trois rapports de la Cour Supérieure des Comptes (CSCCA) viennent confirmer qu’Haïti est devenue un petit paradis fiscal dans la Caraïbe, notamment pour les compagnies locales et étrangères qui souhaitent faire du business avec l’Etat de ce pays.
Le dernier des trois rapports de la CSCCA sur la gestion du fonds Petro Caribe rendu public le 16 aout dernier a mis à nu la faiblesse des structures étatiques de ce pays, mais aussi la volonté des hauts fonctionnaires à livrer les maigres ressources encore disponibles à des particuliers ou des tiers, via des firmes nationales et/ou étrangères réelles ou fictives.
Dans le cadre du fonds Petro Caribe, certaines firmes exécutant de gros contrats pour le compte de l’Etat haïtien, n’ont pas versé d’impôts ou des taxes à la Direction Générale des Impôts (DGI) et elles n’ont pas été forcées de le faire.
Cette situation crée un manque à gagner flagrant pour l’Etat haïtien qui peine à faire face à ses obligations envers les citoyens. Autrement dit, ces irrégularités causent de graves préjudices aux projets et la communauté, s’est plainte la CSCCA.
Le versement d’impôt (2% d’acompte sur tout contrat et 20% d’impôt sur les firmes étrangères) n’a pas été prélevé ou versé à la DGI, l’organe étatique de perception de taxes ou d’impôts.
Ce qui veut dire en clair que, ces firmes contractantes ont été blanchies d’impôts par l’Etat lui-même à travers de hauts fonctionnaires cupides et indécents qui jouissent encore de l’impunité totale pour ces méfaits, dans une République bananière qu’est Haïti.
Dans ce dernier volumineux rapport, la CSCCA a noté l’absence de supervision des travaux dans l’exécution de certains projets et la complaisance dans la supervision de certains autres. Ce qui en résultait une absence de traçabilité des documents comptables fiables pour justifier certaines dépenses.
En plus d’un certain laisser aller, la CSCCA a signalé le non-respect de plusieurs clauses dans l’éxécution des projets en ce qui a trait à l’ampleur des travaux, leur coût, leur échéancier et les pénalités.
Sous un autre point, le chef du gouvernement haïtien Jouthe Joseph a fait état d’une perte cumulée de 94 millions de dollars américains par l’Etat durant les dix dernières années sur l’achat des produits pétroliers.
Cette révélation a tout l’air d’un scandale, puisque l’Etat haïtien qui, ayant le monopole de l’acquisition du carburant sur le marché international, produit transversal hautement stratégique, en a décidé autrement en le cédant à des compagnies pétrolières de la place ou à d’autres nouvellement créées pour l’occasion.
Entre mars 2019 et mai 2020, date à laquelle l’Etat haïtien a procédé volontairement à la libération du marché des produits pétroliers, l’Administration de Jovenel Moïse a “subitement remarqué” que les Compagnies pétrolières ont littéralement siphonné l’Etat en engrangeant un bénéfice exagéré de 94 millions de dollars américains sur une quantité de 7 millions de gallon de gasoline et de diesel.
Ce gros déficit de 94 millions de dollars américains dans les caisses de l’Etat haïtien est noté entre mars 2010 et mai 2020, période à laquelle le régime de PHTK encore au pouvoir, dirige sans partage.
Qui veille au grain?