MIAMI, mercredi 15 juin 2022– Depuis le 15 Juin 2011, l’Etat haïtien perçoit deux nouvelles taxes de : $1.50 sur les transferts d’argent et 5 centimes sur tous les appels téléphoniques internationaux en direction ou en provenance d’Haïti.
Cette initiative prise à l’époque par le président Michel Martelly, sans soumettre aucun projet-loi au parlement en ce sens, visait à alimenter un fond dénommé « Fond National de l’Education » (FNE) afin de collecter 360 millions de dollars américains sur une période de cinq (5) ans en vue de scolariser 500.000 jeunes haïtiens sur cinq ans, à raison de 100.000 par an.
Le gouvernement espérait collecter un montant de 3 millions de dollars us par mois sur les appels internationaux et 5 millions de dollars sur les transferts d’argent.
La collecte de ce fond avait bien démarré au point que Martelly s’en félicitait publiquement d’avoir pris de cette initiative.
« A raison de cinq centimes sur vos appels téléphoniques, nous collectons un montant de 100,000.00 dollars américains par jour pour scolariser 500.000.00 jeunes en Haïti. Ne murmurez pas et vous allez voir ce que nous allons faire avec cet argent. Je vous attends pour m’aider a développer le pays », avait déclaré Martelly, le 27 juin 2011 lors d’un festival à New-York.
Cependant, onze (11) ans après la création de ce fond alimenté régulièrement par la taxe prélevée particulièrement sur les transferts d’argent, bizarrement, il y a encore dans le pays plus 500.000 jeunes haïtiens qui n’ont jamais fréquenté l’école.
Pire encore, en onze (11) ans, l’Etat haïtien aurait collecté seulement un peu plus de 222 millions de dollars américains. L’Etat haïtien n’aurait toujours pas atteint ses objectifs relatifs à la collecte de 360 millions de dollars sur une période de cinq ans.
A date, personne n’a jamais expliqué pourquoi le pays compte encore autant d’enfants non scolarisés en dépit de la collecte sans arrêt du $1.50 depuis onze ans.
De même, personne n’a jamais dit comment l’argent collecté au profit du FNE a été utilisé. Personne n’a jamais pris le soin, au nom d la transparence, d’informer le pays sur le montant réel collecté en près de onze (11) ans. L’opacité est totale.
Les fonds collectés depuis 11 ans au nom de l’éducation, n’ont jusqu’ici pas contribué à améliorer les conditions de vie des 200.000 enseignants que compte le pays, l’environnement scolaire ni le niveau de l’éducation en Haïti.
La qualité de l’éducation, les infrastructures scolaires demeurent préoccupantes. Les bâtiments scolaires publics figurent parmi les plus crasseux et les plus inappropriés dans de nombreuses régions du pays.
Loin de s’améliorer, la situation tend, au contraire, à se dégrader davantage, selon les syndicats d’enseignants qui ne cessent de revendiquer de meilleures conditions de travail.
L’Etat, dont l’éducation ne semble être une priorité, lui consacre seulement 10% du budget de la République.
Le secteur privé de l’éducation possède environ 85% des écoles en Haïti contre 15% à l’Etat haïtien auquel les articles 32-1 et 32-2 de la constitution de 1987 confèrent la responsabilité de l’éducation des jeunes haïtiens.
Voici ce que dit l’article 32-1 de la Constitution haïtienne : « L’éducation est une charge de l’Etat et des Collectivités Territoriales. Ils doivent mettre gratuitement l’école à la portée de tous, veiller au niveau de formation des enseignants des secteurs public et non public » .
Article 32-2: « La première charge de l’Etat et des Collectivités Territoriales est la scolarisation massive, seule capable de permettre le développement du pays. L’Etat encourage et facilite l’initiative privée en ce domaine ».