PARIS, lundi 14 octobre 2024– Ce lundi, lors d’une intervention à l’UNESCO, Dominique Dupuy, ministre haïtien des Affaires étrangères, a lancé un appel vibrant à la communauté internationale concernant la situation alarmante de son pays. Dans un discours empreint d’émotion et de gravité, Dupuy a dénoncé non seulement la crise que traverse Haïti, mais aussi les politiques racistes et discriminatoires adoptées par des voisins immédiats, à l’instar du président dominicain Luis Abinader, qu’il accuse de porter atteinte aux droits des Haïtiens vivant en République dominicaine.
La République dominicaine, sous l’impulsion du président Abinader, a en effet intensifié les mesures restrictives contre les migrants haïtiens, alimentant une politique d’expulsions massives et de discriminations raciales. Ce traitement réservé aux Haïtiens a fait l’objet de vives critiques de la part d’organisations internationales et de défense des droits de l’homme. Mais c’est au cœur de l’UNESCO, plateforme mondiale dédiée à la culture, à la paix et à l’éducation, que Dominique Dupuy a choisi de dénoncer ce racisme systémique.
Dans son discours, le ministre a exposé la vulnérabilité de son pays, autrefois prospère, aujourd’hui en proie à une crise multidimensionnelle. Il a lancé un cri d’alarme face aux grandes difficultés qu’affronte Haïti, notamment une instabilité politique, une dégradation des infrastructures sanitaires et une montée de l’insécurité. Dupuy a exhorté les représentants des nations présentes à ne pas tourner le dos à Haïti et à éviter de rester silencieux face aux urgences qui frappent la nation haïtienne.
« Je vous exhorte à ne pas participer à une cérémonie de commémoration en l’honneur des victimes de notre inaction collective, ni à observer une minute de silence en mémoire du prochain massacre qui aura lieu chez moi », a-t-il déclaré, dans un appel désespéré à l’action concrète.
Dupuy a mis en avant l’engagement de l’UNESCO à soutenir la transition en Haïti, tout en remerciant le Secrétariat de l’organisation pour ses efforts. Toutefois, il a souligné que la véritable urgence ne se trouvait pas dans les questions internes des organisations internationales, mais bien dans la réponse apportée aux crises extérieures, telles que celle que vit actuellement Haïti.
Cette dénonciation des politiques menées par le président dominicain n’a fait que souligner l’urgence de la situation. Depuis plusieurs mois, Haïti fait face à des expulsions massives de ses ressortissants par la République dominicaine, en dépit des critiques internationales concernant les conditions inhumaines dans lesquelles ces expulsions se déroulent. La communauté haïtienne en République dominicaine est fréquemment la cible de discriminations et de violences, alimentées par une rhétorique nationaliste et raciste que Dupuy n’a pas hésité à dénoncer comme étant un exemple flagrant de racisme d’État.
La ministre haïtien des Affaires étrangères a conclu son discours en réaffirmant son engagement pour la diplomatie de la vérité. « Aujourd’hui comme hier, je n’ai qu’une seule arme à ma disposition, la parole, la diplomatie de la vérité, et la vérité sans peur. Car chez moi, l’heure n’est plus au silence. »