TROU-DU-NORD, jeudi 24 novembre 2022– Préoccupés par les menaces de mort dont fait l’objet Milostène Castin, dirigeant de AREDE, la Global Justice Clinic et le Freshfields Bruckhaus Deringer appellent à Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits humains d’envoyer un appel urgent au gouvernement d’Haïti.
Les deux organisations estiment ‘‘qu’un tel appel urgent est justifié à la lumière des menaces de mort et des attaques à l’encontre de M. Castin qui se sont intensifiées au cours des dernières années en raison de son travail en tant que militant des droits de l’homme en faveur des paysans déplacés.’’
« Nous demandons également à la Rapporteuse spéciale d’user de ses bons offices pour inciter le gouvernement haïtien à mettre fin à la persécution des défenseurs des droits fonciers comme M. Castin », déclarent les organisations.
Elles recommandent que la Rapporteuse spéciale demande l’autorisation d’effectuer une visite en Haïti afin d’évaluer les questions abordées dans cette pétition de manière plus approfondie.
Elles soulignent que Castin est confronté à des menaces toujours plus graves contre ses droits fondamentaux qui résultent de sa notoriété croissante en tant que défenseur des droits de l’homme ces dernières années.
Selon les organisations, ‘‘Haïti n’a ni respecté ni protégé le droit à la vie de M. Castin. M. Castin a été la cible de nombreuses attaques par des gangs armés de 2013 à aujourd’hui, dont trois attaques en 2020 et 2021, qui ont causé à M. Castin et à sa famille des dommages physiques, psychologiques et matériels.’’
‘‘ À ce jour, déclarent-elles, le gouvernement haïtien n’a pas protégé M. Castin de ces attaques ; au contraire, des membres du gouvernement se sont rendus complices des menaces et des violences qui ont mis la vie de M. Castin en danger. M. Castin continue son travail d’activiste malgré la menace constante de nouvelles attaques.’’
Elles affirment ‘‘qu’Haïti n’a ni respecté ni protégé les droits de M. Castin aux libertés de réunion, d’association et d’expression. M. Castin a été confronté à des tentatives répétées de répression de ses droits civils et politiques.’’
Comme pour les menaces à la vie de M. Castin, des représentants du gouvernement haïtien se sont rendus complices de cette répression. Par exemple, en 2019, des responsables gouvernementaux ont ordonné à des gangs et au bras armé du ministère haïtien de l’Environnement d’attaquer les personnes participant à l’une des manifestations de M. Castin.
La Global Justice Clinic de la New York University School of Law et Freshfields Bruckhaus Deringer US LLP, des représentants du gouvernement ont également envoyé un juge pour arrêter arbitrairement M. Castin en 2021 afin de bloquer ses efforts de militant. En outre, Haïti a refusé d’accorder la protection de la police à M. Castin et à ses collègues manifestants en 2019 et 2021, malgré des demandes répétées pour une telle protection.’’
« Haïti a refusé à M. Castin l’accès à un recours utile pour ces violations des droits de l’homme. Bien que M. Castin ait subi des violations répétées de ses droits à la vie, à la liberté de réunion et d’association, et à la liberté d’expression, Haïti n’a fourni à M. Castin aucun recours pour ces violations », déclarent-elles.
Elles rappellent, ‘‘par exemple, à la suite d’une attaque contre une réunion de paysans en 2013, la police et le système judiciaire local ont refusé de donner suite à la plainte de M. Castin parce que les agresseurs de M. Castin étaient liés au gouvernement. Haïti n’a pas non plus agi après une attaque contre M. Castin lors d’une manifestation en 2019.’’
Selon les organisations, ‘‘l’inaction d’Haïti en réponse à ces plaintes constitue un mépris manifeste de ses obligations en droit international des droits de l’homme d’enquêter sur des allégations de violation des droits de l’homme et d’assurer un examen rapide des plaintes. Puisque les auteurs de ces attaques contre M. Castin, et d’autres similairement situés, vivent dans l’impunité, ils ne sont pas susceptibles de modérer leurs actes dans le futur.’’
Elles affirment que l’expérience de M. Castin n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’abus, de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme en Haïti ces dernières années.
‘‘Les actes et omissions du gouvernement haïtien violent les obligations qui lui incombent en vertu des traités relatifs aux droits de l’homme, notamment ses obligations découlant du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention américaine relative aux droits de l’homme, ainsi que les normes du droit international coutumier consacrées par la Déclaration universelle des droits de l’homme’’, soutiennent-elles.
Elles demandent à la Rapporteuse spéciale, conformément à son mandat, de prendre des mesures urgentes pour protéger M. Castin le plus rapidement possible.