PORT-AU-PRINCE, vendredi 17 novembre 2023– Selon l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) son enquête a été diligentée suite à une série d’informations alarmantes relayées au sein de la société haïtienne concernant l’usage abusif et préoccupant des engins lourds appartenant à l’État haïtien.
L’objectif de cette enquête était d’établir la vérité sur les faits relatifs à la destruction, la disparition ou le détournement de ces biens publics, tout en identifiant les responsabilités individuelles.
Pour mener à bien cette enquête, une commission d’enquête, mandatée par le Directeur général de l’ULCC, a été constituée. Le champ d’investigation de cette commission englobe trois institutions publiques impliquées dans la mise en œuvre du programme gouvernemental appelé “KARAVAN CHANJMAN”. Il s’agit du Ministère des travaux publics, transports et communications (MTPTC), du Centre national de gestion des résidus solides (CNGRS), et du Centre national des équipements (CNE).
L’enquête a révélé des irrégularités majeures dans la gestion des biens publics, avec un accent particulier sur les engins lourds du CNE. Dans le grand Sud, des vérifications physiques effectuées dans différentes communes telles que Côtes de fer, Camp-Perrin, Beaumont et Corail ont révélé des pertes significatives enregistrées par l’État.
Au site de Côtes de fer, sur une liste de vingt-cinq (25) équipements fournis par le CNE, seuls sept (7) engins lourds ont pu être répertoriés, certains étant démolis et d’autres dépourvus de pièces essentielles à leur fonctionnement.
Des situations similaires ont été constatées à Camp-Perrin, où sur une liste de trente-trois (33) engins lourds, seulement huit (8) étaient en bon état, les autres étant non fonctionnels ou totalement abandonnés. Par ailleurs, dans le grand Sud, un inventaire a révélé la disparition de trente-sept (37) engins lourds, tandis que quarante-quatre (44) étaient en panne ou en mauvais état.
Dans le grand Nord, les sites visités par les enquêteurs ont montré des endroits presque abandonnés et hors de tout contrôle régulier. Certains équipements étaient localisés dans des zones non indiquées sur la liste du CNE pour cette région. Un lot de trente et un (31) matériels a été découvert aux Gonaïves, qui ne figurait pas dans l’inventaire transmis par le CNE, suggérant un manque de connaissance de l’institution sur ses propres biens.
L’enquête a également mis en lumière un détournement massif de biens publics par d’anciens parlementaires et personnalités politiques. Soixante-dix-huit (78) matériels, contrôlés illégalement par ces individus, ont été identifiés, notamment des camions, des dozers, des graders, des compacteurs, des pelles et des loaders.
L’ULCC recommande, sur le plan administratif, un audit complet du Centre National des Equipements (CNE) par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif, la mise en place d’un cadre légal pour le CNE, l’adoption d’un Manuel de procédure administrative et financière, ainsi que la création d’une commission pour l’inventaire et la récupération des engins lourds entreposés.