Des victimes de violations des droits humains portent plainte contre les chefs de gang. Ils veulent obtenir justice et réparation…

Des residents de Carrefour-Feuilles lors d'un sit-in contre l'insecurite....

PORT-AU-PRINCE, mardi 19 septembre 2023– Le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) affirme ‘‘avoir dénombré à Carrefour-Feuilles cent-quatre (104) personnes victimes d’assassinat et de disparitions forcées, deux (2) cas de viols collectifs perpétrés sur une mère et sa fille, quatorze (14) personnes blessées par balles et trente-cinq (35) maisons systématiquement pillées avant d’être incendiées, détruites ou squattées.’’

Selon le RNDDH, des bandits lourdement armés, membres du gang armé Team Ascenseur opérant à Grand-Ravine et dirigés par le chef de gang Renel Destina alias « Ti Lapli », tuent impunément et mettent à feu plusieurs localités de Carrefour-Feuilles à savoir Savane Pistache, Saye, Fouchard, Decayette, Anba Figye, Ravine Zonyon, La Montagne, Rue Monseigneur Guilloux prolongée, Bò Nènè, Nan Tunnel, etc., occasionnant des pertes humaines et matérielles énormes.

Se déclarant « vivement préoccupé par les différentes attaques menées à l’encontre de la population de Carrefour-Feuilles depuis le début du mois d’août 2023, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) informe avoir assisté certaines victimes en vue de porter plainte par devant les autorités judiciaires.

L’organisation informe dans un communiqué que le 15 septembre 2023, soixante-dix-huit (78) parmi les victimes recensées ont porté plainte par devant le doyen près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince, le magistrat Bernard Saint-Vil pour assassinat, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, vol, destruction et incendie.

Cette plainte enregistré au numéro 419-09/23 au greffe du cabinet d’instruction,  dénonce l’assassinat de soixante-onze (71) personnes, la disparition de cinq (5) autres et la blessure par balles de dix (10) personnes. Trente-cinq (35) victimes y dénoncent aussi leurs maisons qui ont été pillées, incendiées, squattées ou démolies par les bandits armés.

Dans le même sens, le RNDDH informe avoir accompagné d’autres victimes qui ont déposé deux (2) autres plaintes distinctes respectivement par-devant le Parquet près le Tribunal de première instance de la Croix-des-Bouquets et par-devant le Tribunal de première instance de Port-au-Prince.

Selon l’organisation, le 22 mai 2023, cent-treize (113) victimes et proches de victimes du massacre qui avait été perpétré du 24 avril au 6 mai 2022 à la Plaine du Cul-de-Sac par des bandits armés membres du gang des 400 Mawozo et de la base « Chen Mechan », ont saisi le Parquet près le Tribunal de Première instance de la Croix-des-Bouquets, requérant ledit Parquet d’engager des poursuites contre les gangs armés susmentionnés pour association de malfaiteurs, meurtre, tentative de meurtre, assassinat et tentative d’assassinat, déplacement forcé, disparitions, viols, incendies, pillages, destruction de biens d’autrui. Le dossier a été acheminé au Cabinet du magistrat instructeur André Saint-Isert, précise le RNDDH.

Le 23 mai 2023, poursuit l’organisation, cent-cinquante-huit (158) victimes et proches de victimes du massacre de Cité Soleil perpétré du 7 au 17 juillet 2022 par des gangs armés membres du G-9 an Fanmi e Alye – au cours duquel cinquante-trois (53) femmes et filles au moins, ont été violées collectivement – ont déposé une plainte par-devant le Doyen du Tribunal de première instance de Port-au-Prince d’alors, le magistrat Chavannes Etienne pour vols, viols collectifs, coups et blessures et tentatives d’assassinat sur leur personne ; assassinat sur leur parents, progénitures et conjoints-es, association de malfaiteurs, pillage, incendie et destruction de leurs maisons.’’ Le dossier a été acheminé au Cabinet du magistrat instructeur Johnson Simon.

Le RNDDH souligne que ‘‘dans ces différentes plaintes, les victimes et proches de victimes de la Plaine du Cul-de-Sac, de Cité Soleil et de Carrefour-Feuilles ont mis en cause la responsabilité de l’Etat haïtien qui n’est pas intervenu en vue d’éviter les massacres dénoncés, en dépit des nombreux appels au secours qui ont été lancés au Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) dirigé par le premier ministre de facto Ariel Henry ; et en raison du nombre de jours au cours desquels les bandits armés, protégés par les autorités étatiques, se sont attaqués aux populations de ces trois (3) zones.’’

« Pour que Justice soit faite et que Réparations soient accordées aux victimes et proches de victimes de ces massacres, l’Etat haïtien a pour obligation de mettre fin à la protection des bandits armés et à l’impunité dont ils sont bénéficiaires », déclare l’organisation, ajoutant que l’appareil judiciaire Haïtien, régulièrement saisi doit, de son côté, se prononcer, dans le respect des garanties judiciaires des plaignants-es, sur les graves violations des Droits Humains qui sont soumises à son appréciation.

Le RNDDH dit attendre la distribution du dossier de Carrefour-Feuilles par devant un magistrat instructeur et les conclusions des enquêtes judiciaires ouvertes et menées par les magistrats instructeurs qui avaient été choisis, pour les deux (2) précédentes plaintes relatives aux massacres de la Plaine du Cul-de-Sac et de Cité Soleil.