PORT-AU-PRINCE, mardi 26 novembre 2024. Dans une déclaration commune, plusieurs syndicats haïtiens ont réagi aux propos du président français Emmanuel Macron concernant Haïti et l’éviction de l’ancien Premier ministre Garry Conille. La semaine dernière, Emmanuel Macron a affirmé : « Ce sont les Haïtiens qui détruisent et tuent Haïti », tout en qualifiant Garry Conille de Premier ministre « super » et « formidable », injustement destitué. Selon les syndicats, ces déclarations traduisent un mépris colonialiste et interventionniste, tout en alimentant des interprétations insultantes envers le peuple haïtien.
Les organisations signataires, notamment le SPEMENFP, le CENEH, le SHJRH, et l’UNNOH, ont dénoncé les propos de Macron comme une ingérence flagrante dans les affaires internes d’une nation souveraine, une violation claire de la Convention de Vienne. « Ces paroles rappellent les pratiques impérialistes des puissances occidentales, visant à maintenir leur emprise sur Haïti et à exploiter notre peuple », ont-elles déclaré. Les syndicats ont souligné que Macron, s’il estimait Garry Conille si « formidable », pourrait envisager de l’installer comme Premier ministre en France.
Les syndicats haïtiens ont également évoqué le mépris historique de la France envers Haïti depuis la victoire décisive de Vertières en 1803 contre Napoléon, insistant sur le fait que les puissances impérialistes ne souhaitent pas voir émerger des dirigeants compétents au sein de la nation. « Toute collusion entre Garry Conille et des gangs terroristes en Haïti pourrait révéler le véritable rôle qu’il a joué contre le peuple pendant son mandat », ont-ils ajouté.
Le rappel des cicatrices laissées par le passé colonial français a occupé une place centrale dans la déclaration. « Macron semble avoir oublié l’escroquerie historique de 1825, lorsque la France, avec la complicité de traîtres haïtiens, nous a imposé une dette illégitime d’indépendance. Cette dette, payée sur plus d’un siècle, a détruit notre économie et enrichi la France, jusqu’à financer des projets tels que la tour Eiffel », ont rappelé les signataires. Selon eux, cet épisode illustre l’hypocrisie des propos de Macron, tandis que les demandes de restitution et de réparations demeurent non satisfaites.
Les syndicats ont identifié plusieurs facteurs comme les véritables causes de la destruction d’Haïti : l’exploitation impérialiste, le pillage des ressources, notamment le vol des réserves d’or en 1914 par les États-Unis, et les politiques néolibérales imposées depuis les années 1980. Ils ont également dénoncé le flux d’armes et de munitions alimentant les gangs criminels, phénomène largement documenté dans des rapports récents, notamment celui de l’ONUDC.
Compte tenu de ces enjeux, ils ont appelé le ministère haïtien des Affaires étrangères à prendre des mesures diplomatiques fortes pour exiger des excuses de Macron et un retrait de ses déclarations. Enfin, les syndicats ont exhorté le peuple haïtien à organiser une lutte nationale de libération, visant à recouvrer la souveraineté du pays et à résister à toutes formes d’ingérence étrangère, tout en réclamant des réparations pour les torts causés par la France et d’autres puissances.