Cap-Haitien, jeudi 22 juillet 2021- La deuxième ville du pays qui doit accueillir les obsèques nationales de l’ancien président assassiné le 7 juillet dernier, a connu jeudi une nouvelle journée de tension où des partisans de Jovenel Moïse ont manifesté violemment pour réclamer justice en sa faveur.
Très en colère contre l’élite économique haïtienne, les protestataires ont mis en garde contre la venue au Cap-Haïtien de tout membre de ce qu’ils appellent ‘’l’oligarchie corrompue’’ qui, selon eux, serait impliquée dans l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse-lui qui comptait pourtant de nombreux amis au sein de cette même oligarchie qui avait financé sa campagne électorale en 2015 et en 2016.
Ils ont menacé de tout chambouler si justice n’est pas rendue à Jovenel Moïse. ‘’Ils l’ont tué parce qu’il est paysan, il vient de la province et qu’il a les cheveux crépus. Les oligarques l’ont tué parce qu’il voulait un changement et qu’il revendiquait en faveur des pauvres,’’ ont scandé certains manifestants dont certains étaient armés de revolver.
Les supporteurs de Jovenel Moïse ont également menacé de boycotter ses funérailles, voire empêcher qu’elles aient lieu ce vendredi afin d’exiger justice pour celui qui, selon eux, défendait leur cause.
Les manifestants ont érigé des barricades enflammées en plusieurs endroits, paralysant ainsi la circulation automobile au centre-ville du Cap-Haïtien et dans d’autres banlieues à l’entrée est et sud de la deuxième ville du pays.
Des entreprises situées sur le boulevard du Cap-Haïtien dont quelques hôtels qui accueillent les délégations venues de Port-au-Prince et plusieurs restaurants ont été attaqués à coup de pierre par des supporteurs de l’ancien président Jovenel Moïse, a appris RHINEWS.
Le pont ‘’Limite’’ de Saint-Raphaël, une commune du département du Nord a été incendié, ce qui a rendu plus difficile l’accès au Cap-Haïtien. Les délégations venues de Port-au-Prince, en provenance du Plateau Central, ont dû passer soit par Baron ou par Ranquite pour arriver au Cap-Haïtien.
Parallèlement, une messe de requiem a été chantée ce jeudi en la cathédrale Notre-Dame du Cap-Haïtien en mémoire du président défunt.
Le célébrant principal, père Jean-Gilles Sem a dit dans son sermon aux assistants lors de ce service religieux que trop de sang était versé en Haïti alors que les victimes attendent toujours que justice leur soit rendue désespérément.
‘’Les meurtres et les enlèvements contre rançon devraient cesser,’’ a dit le prêtre, notant que les communautés pauvres sont les plus touchées. “Nous sommes fatigués et il faut qu’on en finisse.”
Le service a été interrompu à plusieurs reprises par les cris de certains assistants a cette messe qui n’a pas rempli la cathédrale.
Certaines des dizaines de personnes portant des T-shirts blancs arborant la photo de Jovenel Moïse, ont appelé à la vengeance.