PORT-AU-PRINCE, mardi 4 février 2025 Un contingent militaire en provenance du Salvador est arrivé en Haïti ce mardi pour renforcer la mission soutenue par l’ONU et dirigée par la police kényane afin de lutter contre les gangs qui ont tué des milliers de personnes l’année dernière et contrôlent une grande partie de la capitale.
Les 70 soldats salvadoriens fourniront une expertise en appui aérien, un élément jugé essentiel par les responsables kényans pour les évacuations médicales. Leur arrivée marque une nouvelle étape dans l’élargissement progressif de cette mission, qui a déjà vu le déploiement de plusieurs centaines d’hommes ces derniers mois.
Le mois dernier, des policiers kényans supplémentaires ont été envoyés en Haïti, portant leur effectif total à plus de 600. Ils ont été rejoints par des policiers, des soldats et d’autres agents provenant de pays comme la Jamaïque et le Guatemala.
Pendant ce temps, la violence des gangs continue de se propager à travers Port-au-Prince et au-delà. Ces derniers jours, des hommes armés ont tué au moins 40 personnes dans un quartier huppé de la capitale, illustrant l’ampleur de l’insécurité persistante.
Les États-Unis et d’autres nations ont exprimé des inquiétudes quant au manque de financement et de personnel de la mission dirigée par le Kenya, plaidant pour qu’elle soit transformée en une mission de maintien de la paix sous mandat onusien.
L’année dernière, plus de 5 600 personnes ont été tuées à travers Haïti, et plus de 2 200 autres ont été blessées, selon les Nations unies. La violence des gangs a également contraint plus d’un million de personnes à quitter leur foyer ces dernières années.
Selon un rapport partiel du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), au moins 50 personnes ont été tuées et plus d’une centaines de maisons incendiées lors d’une attaque dirigée par l’organisation terroriste “Viv Ansanm.”
D’après le RNDDH, « cette attaque aurait été facilitée par Pierfils Orvil, un évadé de prison originaire de Kenscoff, qui aurait permis aux assaillants dirigés par leur chef, connu sous le nom de Didi, d’infiltrer les zones ciblées ». L’organisation précise que les criminels ont emprunté « un itinéraire passant par la montagne de Carrefour pour atteindre la localité de Bèlisèt avant de se diriger vers Chauffard, Bongo, Kafou Bèt et Mache Gode ».
Selon les enquêteurs du RNDDH, une fois sur place, les assaillants ont semé la terreur parmi les habitants, exécutant des personnes sans distinction, incendiant des maisons et pillant les biens des résidents.
Le RNDDH rapporte que « plusieurs exactions ont été commises lors de cette attaque, notamment des assassinats de civils, l’incendie de maisons et le pillage systématique des biens des habitants ». À Kafou Bèt et Mache Gode, des familles entières ont été exécutées sommairement, leurs corps abandonnés sur les lieux. Des témoins interrogés par le RNDDH affirment que « les criminels ont agi avec une extrême brutalité, incendiant des maisons avec des habitants à l’intérieur ». Un survivant cité dans le rapport a témoigné : « Ils ont tiré sur tout ce qui bougeait. Les cris des enfants et des femmes n’ont rien changé. Ils brûlaient les maisons sans même vérifier s’il y avait encore des gens à l’intérieur ».
Selon le RNDDH, les forces de l’ordre ne sont intervenues qu’au matin du lundi 27 janvier 2025. Le rapport mentionne que « des unités spécialisées de la Police nationale d’Haïti (PNH), appuyées par des membres de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), se sont rendues sur place sous la supervision du directeur en chef de la PNH, Normil Rameau ». Toujours selon le RNDDH, « leur intervention a permis de repousser partiellement les assaillants et de reprendre le contrôle de certaines zones, mais plusieurs localités, dont Bélot, Kafou Bèt, Krevitè et Bwa Majò, sont restées sous le contrôle des criminels en raison de l’état déplorable des routes et des barrages érigés par les bandits pour empêcher l’accès des forces de l’ordre ».
Des affrontements violents ont eu lieu entre policiers et criminels, notamment dans les zones de Godet, Bélot et Obléon.
Selon la PNH, citée par le RNDDH, « une vingtaine de bandits auraient été abattus au cours des échanges de tirs ». Toutefois, le rapport souligne que « la situation demeure critique, avec plusieurs quartiers encore sous la domination des assaillants ».