PORT-AU-PRINCE, samedi 14 décembre 2024- Des représentants des parties prenantes au consensus politique ayant conduit à la transition actuelle, notamment les signataires de la Déclaration finale de la Jamaïque du 1er mars 2024, de l’Accord politique du 3 avril 2024 et du décret du 10 avril 2024 portant création du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), expriment leurs graves préoccupations face à la crise socio-politique accentuée par les récentes décisions unilatérales prises par le CPT, sous la direction de son coordonnateur Leslie Voltaire.
Dans un communiqué conjoint, les signataires dénoncent les violations répétées des termes de l’Accord du 3 avril 2024, dont le limogeage du Premier ministre Garry Conille et la nomination d’un gouvernement qu’ils jugent partisan, dirigé par Alix Didier Fils-Aimé. Ces actes, selon eux, contreviennent à la légalité, violent les principes de consensus définis dans la Déclaration finale du 11 mars 2024 et transgressent l’esprit de l’accord politique signé par les membres du CPT.
Ils soulignent également que les récentes décisions du gouvernement de transition, notamment dans la diplomatie, traduisent une volonté manifeste de l’alliance politique au pouvoir, regroupant Fanmi Lavalas et ses alliés du secteur des affaires, de consolider leur contrôle sur les institutions. Ils estiment que cette démarche vise à prolonger leur domination politique, malgré des décennies de revers électoraux.
Le communiqué met en lumière une détérioration sans précédent de la sécurité publique, avec des drames tels que le massacre perpétré par le gang de Mikanor, ayant causé près de 200 morts à Wharf Jérémie, et celui du gang Grand Grif à Petite Rivière de l’Artibonite, où plus de 20 personnes ont été tuées. Pendant ce temps, des milliers de citoyens sont déplacés de force de leurs résidences à Port-au-Prince, et des institutions publiques majeures, dont la Cour de cassation et la Cour supérieure des comptes, ne sont plus accessibles en raison de l’expansion des territoires contrôlés par des gangs armés.
Les signataires critiquent également l’implication de trois conseillers-présidents du CPT dans un scandale de corruption lié à la Banque Nationale de Crédit, qui selon eux mine gravement la crédibilité de l’exécutif. Ils considèrent que les controverses entourant la formation du Conseil électoral provisoire, la mise en place du comité de pilotage pour la conférence nationale et les initiatives concernant une nouvelle constitution illustrent l’incapacité du CPT à respecter les engagements pris envers le peuple haïtien.
Pour préserver l’intégrité du processus de transition, les signataires appellent à des actions immédiates, notamment à l’exclusion des conseillers incriminés, à une médiation facilitée par le groupe des Éminentes Personnalités de la CARICOM pour évaluer la situation, et à une concertation avec d’autres acteurs non signataires de l’Accord du 3 avril 2024. Ils insistent sur la nécessité de rétablir un consensus politique large, garantissant la stabilité, la paix civile et une gouvernance capable de répondre aux attentes de la population.
Le communiqué est signé par des figures politiques et des organisations telles que Claude Joseph, Clarens Renois, Liné Balthazar, Pascal Adrien, le Collectif du 30 janvier et le parti Pitit Dessalines. Ces représentants estiment qu’il est encore temps de corriger les dérives actuelles et de recentrer la transition sur l’intérêt général, condition essentielle pour éviter un effondrement total de l’État haïtien.