WASHINGTON, DC, vendredi 7 octobre 2022– Dans une correspondance au président des Etats-Unis, quatre sénateurs et neuf congressmen (députés) américains ont exprimé jeudi leur inquiétude à l’administration Biden en ce qui a trait à l’absence de progrès dans l’établissement d’un gouvernement haïtien conforme à la constitution haïtienne et bénéficiant du soutien du peuple haïtien afin qu’il sorte de l’impasse actuelle et réalise ses aspirations démocratiques.
Estimant qu’il n’y a pas de temps à perdre, les parlementaires ont souligné que depuis le 20 juillet 2021, Haïti est dirigé par le Premier ministre de facto Dr. Ariel Henry, qui a assumé ce poste à la suite d’une lutte de pouvoir avec le Premier ministre de l’époque, Claude Joseph.
« Nommé deux jours avant l’assassinat du président Jovenel Moïse, Ariel Henry, Claude Joseph et Moïse, ont tous été étroitement affiliés au parti politique Parti Haïtien Têt Kale (PHTK) », ont-ils déclaré
Peu tendres avec le régime en place, les parlementaires américains ont souligné ‘‘qu’Henry n’a aucun mandat constitutionnel ou populaire et que les élections les n’ont pas eus lieu depuis 2016 et le Parlement haïtien a été dissous en 2020 ; et le système judiciaire est en ruine, en grande partie à cause de l’ingérence politique. Au cours de l’année écoulée, la situation sécuritaire et humanitaire d’Haïti s’est également détériorée.’’
Ils ont précisé que ‘‘des gangs criminels contrôlent effectivement les ports et la moitié d’Haïti. Ils entretiennent des liens étroits avec la classe politique et l’élite économique et se livrent librement à des enlèvements et à des violences sexuelles et sexistes. Ces gangs, poursuivent les parlementaires, empêchent la distribution de l’aide humanitaire, y compris aux plus de cinq millions d’Haïtiens (la moitié de la population d’Haïti) qui ont besoin d’aide alimentaire.’’
Selon eux, la violence ne peut être réprimée que par les autorités haïtiennes agissant conformément à l’état de droit par le biais de processus judiciaires impartiaux.
Ils ont affirmé que, ‘‘bien qu’il n’y ait clairement pas de solution facile à l’impasse actuelle, un large éventail d’organisations de la société civile et de partis politiques haïtiens se sont réunis de manière sans précédent pour créer l’Accord de Montana, qui propose une période de transition qui aboutira finalement à des élections.’’
Ils ont souligné qu’n certain nombre de facteurs ont amené de nombreux Haïtiens à croire qu’Henry n’a aucun intérêt à rapprocher Haïti de la démocratie et de la stabilité. Ceux-ci incluent, mais sans s’y limiter, ‘‘l’histoire du PHTK utilisant les gangs comme outil de répression, qui, selon beaucoup, s’est poursuivie sous Henry, et l’échec total d’Henry à exercer un contrôle sur l’aggravation de la violence des gangs ; l’élimination rigoureuse par le PHTK de toute surveillance indépendante ; la réticence d’Henry à s’engager de manière significative avec les représentants de l’Accord de Montana ; et l’implication potentielle d’Henry dans le meurtre de Moïse.’’
Selon eux, de nombreux Haïtiens pensent que les États-Unis soutiennent activement Henry au pouvoir et le considèrent comme indispensable à l’avenir d’Haïti. ‘‘Cette perception a été renforcée aussi récemment en juin 2022 lorsque le président Biden a accueilli Henry au Sommet des Amériques tout en excluant les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua et de Cuba’’, ont-ils soutenu, ajoutant que les Haïtiens se sentent abandonnés de l’intérieur et de l’extérieur.
En guise de recommandations, ils ont estimé que les États-Unis doivent inclure de manière significative les dirigeants des mécanismes dirigés par les Haïtiens tels que l’Accord de Montana dans le discours en cours sur la sécurité et la gouvernance haïtienne.
Ils ont fait remarquer que, ‘‘bien qu’une série de réunions de haut niveau entre les États-Unis, le pouvoir exécutif et les représentants de l’Accord de Montana aient eu lieu, elles n’ont pas réussi à envoyer un signal clair que les États-Unis ne considèrent pas Ariel Henry comme la seule voie par laquelle toute solution dirigée par les Haïtiens doit passer.’’
Les parlementaires pensent que les États-Unis doivent tenir compte de la voix du peuple haïtien, y compris à travers des groupes tels que l’Accord de Montana, même si Henry ne le fera pas.
Selon eux, ‘‘lorsque les États-Unis les officiels rencontrent Henry et d’autres membres du parti PHTK, ils devraient éviter les messages publics qui pourraient soutenir le récit selon lequel les États-Unis le soutiennent, par exemple, en publiant des tweets, des photos ou des déclarations élogieuses entourant les réunions’’.
Ils ont déclaré que « Les États-Unis doivent apporter leur soutien aux efforts légitimes visant à créer un gouvernement haïtien de transition qui respecte la volonté du peuple haïtien, et doivent faire comprendre à Henry qu’ils ne le soutiendront pas alors qu’il bloque les progrès ».
Ils ont recommandé que les Etats-Unis, compte tenu des risques extrêmes pour la sécurité physique et de la situation humanitaire désastreuse dans le pays, les Etats-Unis suspendent immédiatement tous les renvois et s’abstenir de renvoyer les migrants en Haïti contre leur volonté.
Ils ont préconisé que les Etats-Unis nomment un nouvel envoyé spécial pour Haïti, arguant que ‘‘nous devons utiliser tous les outils dont nous disposons pour faire face à la détérioration de la situation en Haïti.’’
Il se sont dit impatients d’examiner le rapport de 180 jours requis par la loi sur Haïti, qui devait être présenté le 12 septembre 2022. Le rapport doit inclure une stratégie pour aborder la protection des droits de l’homme et les efforts de lutte contre la corruption, promouvoir la liberté de la presse et la liberté de réunion ainsi que la protection des journalistes, et donner la priorité au relèvement et au développement post-séisme, post-ouragan et post-COVID, ont-ils recommandé.
Ils ont indiqué que, le peuple haïtien désire et mérite la stabilité et la démocratie pour Haïti.
‘‘En commençant par les efforts limités que nous proposons, qui maintiennent fermement le peuple haïtien à la barre, les États-Unis peuvent indiquer clairement qu’ils abordent leur rôle avec humilité et respect des aspirations démocratiques du peuple haïtien, ont ajouté les parlementaires.
LES PARLEMENTAIRES SIGNATAIRES DE LA LETTRE A JOE BIDEN