Washington, DC, samedi 9 octobre 2021- Dans une correspondance adressée au Secrétaire d’Etat Américain Antony Blinken et au Secrétaire à la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, un groupe de seize sénateurs appellent l’administration Biden à agir rapidement en nommant un nouvel Envoyé spécial pour Haïti, et à travailler avec ses partenaires internationaux dans toute la région pour trouver des solutions immédiates qui placent les besoins de protection des migrants haïtiens et la stabilité à long terme d’Haïti au cœur de l’approche américaine.
‘‘Cela nécessitera notre soutien à une solution proposée par les haitiens eux-mêmes, qui intègre les points de vue et les recommandations d’un large éventail de partis politiques et de la société civile,’’ écrivent les sénateurs.
Plaidant pour le respect des droits des réfugiés haitiens, les parlementaires affirment que, ‘‘garantir l’intégrité des frontières des États-Unis est de la plus haute importance et n’est pas incompatible avec le devoir fondamental de respecter la dignité, l’humanité et les droits de tous les individus cherchant à entrer au pays.’’
Ces parlementaires qui expriment leur indignation et leur déception par rapport au traitement cruel infligé aux haïtiens à la frontière américaine et leur déportation sommaire, rappellent que la désignation du statut de protection temporaire (TPS) pour Haïti est entrée en vigueur le 3 août, quelques jours seulement le tremblement de terre du 14 août 2021.
Ils soulignent qu’à l’époque, le secrétaire Alejandro Mayorkas avait déclaré que le pays « connaissait de graves problèmes de sécurité, troubles sociaux, augmentation des violations des droits de l’homme, pauvreté écrasante et manque de ressources de base.
‘‘Les conditions en Haïti après le tremblement de terre et après le 3 août sont bien pires que lorsque la désignation est entrée en vigueur, précisent-ils tout en déplorant la démission de l’envoyé spécial Daniel Foote en ce moment critique.’’
‘‘Nous demandons également à l’administration d’établir un programme de réintégration pour les rapatriés, et de travailler avec des partenaires dans la région pour s’assurer que les Haïtiens en dehors de leur pays d’origine ont accès à la protection, à l’assistance et à l’information sur leurs droits,’’ poursuivent-ils.
Aussi, demandent-ils à Antony Blinken et Alejandro Mayorkas de s’assurer que les Haïtiens se présentant à la frontière soient en mesure de demander l’asile.
Selon les sénateurs américains, après près d’une décennie de travail à l’extérieur d’Haïti, beaucoup se sont soudainement retrouvés sans emploi et ont un besoin urgent d’assistance. Ils se sont également inspirés de l’espoir et la promesse d’opportunités aux États-Unis. ‘‘Beaucoup, ne connaissant pas les critères d’éligibilité pour le statut de protection temporaire, se sont rendus à notre frontière, endurant des voyages périlleux, pertes dévastatrices et risques inconnus,’’ soulignent-ils.
Lorsqu’ils sont finalement arrivés à Del Rio, au Texas, de nombreux Haïtiens, y compris des groupes de famille avec des enfants qui n’étaient jamais allés en Haïti, ont été sommairement expulsés et déportés sans tenir compte de la nécessité de la protection internationale des enfants, déplorent les parlementaires américains.
‘‘Nos frères et sœurs haïtiens ont connu des dictatures, des crises constitutionnelles, de l’insécurité, les pandémies, les catastrophes naturelles, les déplacements forcés, l’assassinat de leur président, et la prise de contrôle criminelle de leurs communautés. Cependant, leur résilience inégalée et nos communautés aux États-Unis ont prospéré grâce à la présence d’immigrants haïtiens et de leurs enfants américains, témoignent les sénateurs.
Parallèlement, ils nous appellent l’administration Biden à aider à jeter les bases nécessaires à sortir Haïti de sa crise constitutionnelle par une consultation approfondie et un soutien au dialogue apolitique avec un éventail d’acteurs politiques et de la société civile à l’étranger.
Ils rappellent que le 7 juillet 2021, le président haïtien, Jovenel Moise, a été brutalement assassiné. Son assassinat a secoué, selon eux, la fondation de la deuxième plus ancienne démocratie de l’hémisphère.
Les parlementaires soulignent que la crise politique qui affecte le pays depuis des lustres, s’est aggravée au milieu des luttes de pouvoir, y compris des allégations récentes selon lesquelles le Premier ministre intérimaire, Ariel Henry pourrait être lié au complot d’assassinat du président.
Ils estiment que les perspectives d’élections cette année sont sombres. L’élaboration de manière unilatérale et l’introduction récemment d’une nouvelle constitution, sans un processus de consultation appropriée, menace de faire dérailler davantage les perspectives de paix en Haïti.
En attendant, écrivent-ils, les institutions du pays sont dysfonctionnelles et totalement incapables de fournir des services de base ou de fournir un semblant de sécurité aux citoyens. De grandes parties du pays restent hors du contrôle du gouvernement soulignent-ils dans leur correspondance.
Ils mettent donc l’accent sur les conditions sanitaires grabataires du pays et l’insécurité alimentaire qui affecte fortement la population haïtienne notamment après le séisme du 14 août qui a causé d’importantes pertes en vie humaine et des dégâts matériels considérables en ce qui a trait à l’habitat, les infrastructures scolaires et sanitaires dans les départements du Sud, des Nippes et de la Grand-Anse.
Les signataires de cette correspondance sont: Robert Menendez, Charles E. Schumer, Ron Wyden, Patrick Leahy, Edward J. Markey, Sherrod Brown, Tammy Duckworth, Raphael G. Warnock, Bernard Sanders, Cory A. Booke, Richard Blumenthal, Benjamin L. Cardin, J g. A. Merkley, Elizabeth Warren, Alex Padilla et MichaelF. Bennet.