NEW-YORK, lundi 17 octobre 2022– Dans une correspondance au représentant de la Russie et de la Chine au conseil de sécurité des Nations-Unies, ces personnalités vivant en Haïti et dans la diaspora, regroupées au sein de ‘‘Haitians Against Occupation’’ (Haïtiens Contre l’Occupation) demandent aux ambassadeurs desdits pays à voter contre tout déploiement immédiat d’une force armée spécialisée en Haïti pour occuper un pays déjà marginalisé, exploité, enseveli dans le chaos total, le désespoir et la misère.’’
Ces haiitiens vivant aux Etats-Unis demandent aux ambassadeurs de la Chine et de la Russie à exercer le droit de veto de leurs pays contre toute résolution proposée au conseil de sécurité de l’ONU relative à une intervention militaire en Haïti.
« Il est urgent de mettre fin à cette thérapie de choc externe répétée qui n’a pas réussi à générer des changements et des solutions durables en Haïti et à apporter au pays la prospérité qu’il mérite. Tout effort international pour rétablir l’ordre en Haïti devrait s’accompagner d’un changement d’administration et non pas soutenir l’actuel gouvernement illégitime », écrivent ces haiitiens.
Revenant sur la demande formulée par le premier ministre de facto Ariel Henry et l’appelle du secrétaire général de l’ONU en vue d’un examen d’urgence de la requête du gouvernement haiitiens, ils rappellent que, ‘‘la nation a une longue et troublante histoire d’intervention étrangère – dont les Haïtiens craignent qu’elle ne se répète.’’
« Nous sommes effrayés par l’histoire des violations des droits de l’homme que le pays a subies pendant de nombreuses années lors de l’intervention de l’ONU. C’est important de le mentionner, soulignant que la mission de la MINUSTAH – qui a été opérationnelle en Haïti de juin 2004 à octobre 2017 et a coûté 7 milliards de dollars américains en fonds des États membres – a été entachée de scandales et mal vue par le peuple haïtien. Jusqu’à présent, les missions de l’ONU n’ont rien à montrer comme preuve d’une contribution réelle à l’amélioration de la situation en Haïti ou de la vie de la population haïtienne », déclarent-ils.
Ils rappellent également que les soldats de la paix de l’ONU envoyés en Haïti depuis 2004 pour stabiliser le pays ont laissé derrière eux des centaines d’enfants sans père et ont été accusés d’abus et d’exploitation sexuels systématiques des femmes haïtiennes.
‘‘La mission de l’ONU a également introduit une épidémie de choléra qui a tué 10 000 personnes et a mis neuf ans à éradiquer. L’ONU s’est excusée d’avoir déclenché l’épidémie mortelle, mais n’a jamais officiellement accepté la responsabilité d’avoir rejeté des matières fécales contaminées. L’ONU n’a jamais assumé sa responsabilité d’éradiquer le choléra qu’ils ont amené en Haïti. D’où la recrudescence du choléra ces dernières semaines ‘’, font remarquer les signataires.
Selon eux, les conditions sont devenues particulièrement désastreuses ces derniers mois avec la complicité du Premier ministre Ariel Henry alors que des gangs ont pris le contrôle de la capitale et bloqué les terminaux de pétroliers du pays.
‘‘Au milieu de graves pénuries de nourriture et d’eau, déclarent-ils, l’économie du pays a été paralysée et les hôpitaux ont été contraints de fermer au moment où le choléra est revenu. Il n’y a eu aucun sentiment d’urgence et aucune intention explicite du gouvernement d’éradiquer ou de contrôler les gangs dans le pays. La situation n’a fait qu’empirer depuis l’arrivée au pouvoir gouvernement du Premier ministre Ariel Henry.’’
Selon eux, le gouvernement de facto du Premier ministre Henry n’a jamais semblé être déconcerté par le chaos dans le pays jusqu’à présent, soulignant que, ‘‘les groupes de la société civile, les partis politiques, les chefs religieux, les organisations de jeunes et les syndicats soutiennent que tout effort international visant à rétablir l’ordre en Haïti devrait s’accompagner d’un changement d’administration et ne pas soutenir le gouvernement actuel et illégitime.’’
‘‘La demande du Premier ministre Ariel d’une intervention militaire internationale en Haïti est une autre tentative de conserver le pouvoir en utilisant la communauté internationale comme son étang aux dépens du peuple haïtien’’, écrivent-ils.
Ils font remarquer que ‘‘le peuple a appelé le Premier ministre Ariel à démissionner à travers de multiples protestations et un verrouillage du pays paralysant toutes les activités dans le pays, principalement la capitale. La population demande la fin d’un régime qui s’est livré à une corruption endémique, a collaboré avec des gangs, a été impliqué dans l’assassinat de l’ancien président.’’
« Haïti n’a pas besoin d’un pansement, mais de solutions réelles, durables et à long terme, issues d’un large consensus national à travers la participation de toutes les forces vives, des différents secteurs et acteurs de la nation dont la diaspora haïtienne, visant à créer les conditions de la stabilité nationale afin de revenir à la normalité constitutionnelle, à la restauration de l’ordre démocratique et de l’État de droit », soutiennent les signataires de la correspondance.
‘‘Alors que nous continuons à chercher une solution à cette crise actuelle à laquelle Haïti est confrontée, il est important de mentionner qu’une telle solution ne peut être trouvée que dans l’application de la constitution haïtienne de 1987 avec un consensus national pour former un gouvernement de transition’’, préconisent-ils.
Haitians Against Occupation (HAO) a adressé cette même correspondance à l’ensemble des représentants des Etats membres du conseil de sécurité de l’ONU.
LISTE DES SIGNATAIRES DE LA CORRESPONDANCE