Des personnalités de la société civile mettent en garde contre tout processus électoral déroulé sous le leadership d’Ariel Henry…

Myrtha Désulmé, Présidente de la Société Haïti-Jamaïque, représentant de la diaspora au Bureau de Suivi de l'Accord de Montana (BSA), Membre du FOHPDD (Forum Haïtien pour la Paix et le Développement Durable), et Régine Barjon, Ancienne Conseillère économique du Département d'État américain...

Port-au-Prince, vendredi 4 mars 2022– Ces personnalités, membres de l’accord de Montana dénoncent l’hypocrisie et l’incohérence de la communauté internationale dans le dossier de la crise haïtienne.

Myrtha Désulmé, Présidente de la Société Haïti-Jamaïque, représentant de la diaspora au Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA), Membre du FOHPDD (Forum Haïtien pour la Paix et le Développement Durable), et Régine Barjon, Ancienne Conseillère économique du Département d’État américain, affirment qu’«Il est clair pour la plupart des Haïtiens que la communauté internationale, dirigée par les États-Unis, s’est regroupée derrière l’actuel Premier ministre, préférant ignorer son manque de légitimité et son implication présumée dans l’assassinat du président Jovenel Moise.

Selon elles, la crise actuelle de l’insécurité, la violence endémique, l’économie restreinte et l’impasse politique ont tourmenté Haïti pendant des années, mais se sont considérablement aggravées à la suite de l’assassinat du président Jovenel Moïse et du mandat de ses deux successeurs.

Mmes Désulmé et Barjon soulignent que,’’ Haïti reste en pleine crise exacerbée par le chômage chronique, l’insécurité alimentaire, les manifestations fréquentes, la violence toujours croissante, les enlèvements et meurtres quotidiens ciblés, qui ont abouti à l’envahissement des entreprises privées, des bureaux gouvernementaux, des commissariats de police, des bâtiments et des bureaux par des gangs, souvent liés à des responsables gouvernementaux passés et actuels.’’

Décrivant la violence qui sévit en Haïti ayant atteint de nombreuses provinces ouu  70% du territoire serait sous contrôle des gangs, elles déplorent que, c’est dans ce contexte que la communauté internationale insiste pour organiser des élections.

Cela pose la question : « Des élections pour qui ? », car si les élections doivent maintenir le statu quo, la communauté internationale n’a pas besoin de passer par ce simulacre, soutiennent-elles.

Désulmé et Barjon indiquent que, « Pour permettre à Mme Hélène La Lime de cocher la case “Consensus” dans son rapport de l’ONU, l’actuel Premier ministre de facto, Ariel Henry, a fait semblant de tendre la main à plusieurs membres de l’opposition, dont le groupe de Montana.

‘‘Dans toutes ces rencontres, le premier ministre a clairement fait preuve de mauvaise foi, ne cherchant qu’à rallier ses interlocuteurs à son accord du 11 septembre, sans écouter leurs propres idées’’, selon elles.

‘‘Cette arrogance, déclarent-elles, est entièrement due au fait que le Premier ministre bénéficie du plein soutien des États-Unis et de la communauté internationale. Cela signifie que le Core Group, (qui est lui-même une entité illégale, car la Convention de Vienne ne reconnaît pas les syndicats diplomatiques), est engagé à interférer et à influencer la politique intérieure d’Haïti à tout au moins, ou à dicter les affaires intérieures et internationales d’Haïti au pire.’’

La conclusion troublante est que la communauté internationale a délibérément choisi un camp politique et un parti politique, non seulement pour soutenir, mais pour imposer au peuple haïtien, soulignent les deux femmes. « Ceci est en violation directe du droit d’Haïti à l’autonomie gouvernementale, à l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté’’, soulignent-elles.

Désulmé et Barjon déclarent que les protestations massives qui ont eu lieu dans tout le pays, au cours des dernières années, reflètent les objections véhémentes de la population à la fois à la communauté internationale et au gouvernement d’Haïti, concernant les prochaines élections proposées.

Selon elles, ‘‘la voie la plus pacifique vers des élections opportunes, inclusives et participatives réside dans la capacité de rassurer les Haïtiens sur l’équité, la transparence et l’indépendance du processus électoral, puis sur les résultats et la légitimité du mandat du futur président.’’

Elles rappellent que l’accord de Montana plaide pour un gouvernement de transition de 2 ans afin de pacifier et stabiliser la situation pour pouvoir organiser des élections démocratiques.

Pour élargir le consensus et rétablir la confiance dans le gouvernement, le Montana a proposé un Conseil présidentiel de 5 membres pour remplacer le président du gouvernement de transition. Les 5 membres seront nommés par les représentants des 3 principaux Accords, à savoir le Montana, le PEN Accord (Protocol d’Entente Nationale, dirigé par Joseph Lambert, le Président du Sénat, qui comprend également le tiers restant du Sénat, et d’autres partis politiques) et l’Accord du 11 septembre du Premier ministre Ariel Henry, selon Désulmé et Barjon.

Elles affirment que les 2 autres représentants proviendront d’organisations de la société civile qui n’ont pas signé l’Accord de Montana, arguant qu’ils peuvent provenir du milieu universitaire, du secteur privé, de l’Église catholique ou de tout autre secteur de la société civile, tant que le candidat répond aux critères de l’accord de Montana, qui sont basés sur l’intégrité, et n’a jamais été impliqué dans des crimes financiers ou de sang.

Elles soulignent qu’un premier ministre et un président représentant l’accord de Montana ont déjà été élus. L’accord de Montana a signé un accord avec PEN, et travaille à signer des accords avec d’autres parties prenantes, pour élargir sa base et sa représentativité nationale, selon Désulmé et Barjon.

Les dirigeants du gouvernement de transition doivent être capables de projeter l’indépendance et de rétablir la confiance, non seulement en eux-mêmes, mais aussi dans l’institution gouvernementale, à travers leur mode de gouvernance.

‘‘Compte tenu du court délai de 2 ans alloué à la transition, il est urgent d’établir un calendrier électoral viable et de créer une atmosphère de confiance et de sécurité dans tout le pays, afin de respecter le calendrier prévu, soutiennent les deux femmes qui affirment également que la nomination immédiate d’un nouveau chef de police indépendant est impérative.