FORT-LIBERTE, le dimanche 31 décembre 2023 – Les paysans de la Coopérative des Petits Planteurs du Nord-est (CPPNE) ont officiellement renouvelé leur plainte contre Guy Philippe, accusé de destruction, incendie, voies de fait, et association de malfaiteurs à Terrier-Rouge.
La plainte, déposée devant le Commissaire du Gouvernement près le tribunal de pre instance de Fort-Liberté (Nord-Est), Me Eno Zéphirin, vise à obtenir justice pour les membres de la coopérative.
Anatole Clervil, Joseph Daniel, Quesnel Pierre, Pierre Ermase, Duverlis Arons, Amancia Destenor, Luc Davilmar, Roselle Clervil, Gedet Joseph, Alius Pierre, Jocelyn Etienne, Pierre Solius, tous résidents respectifs de Trou-du-Nord, Caracol et Terrier-Rouge, ont uni leurs voix pour dénoncer les actes commis en février 2004 par Guy Philippe et ses acolytes.
Les faits ont eu lieu à Terrier-Rouge, sur l’Habitation Man Bwapen, ‘‘où Guy Philippe et sa bande armée ont saccagé le magasin de la Coopérative des paysans. Des centaines d’outils agricoles, des pompes à eau, des moteurs électriques et des équipements ont été volés. Le local de la coopérative a été incendié, et les résidents ont été terrorisés par des tirs nourris d’armes de guerre, selon la plainte.
Les plaignants soulignent la complicité du groupe armé “KOSOVO” basé à Trou-du-Nord, constitué d’anciens condamnés et de fugitifs, qui a facilité ces actes criminels. Bien que la plainte initiale en 2004 n’ait pas abouti, les paysans, choqués par l’impunité dont Guy Philippe semble bénéficier, ont décidé de renouveler leur demande de justice.
Ils rappellent que les actes incriminés sont prévus et punis par le Code pénal haïtien, citant les articles 72, 358, 254, 224. Les requérants insistent sur le droit inaliénable des paysans de cultiver la terre, protéger leurs ressources et assurer leur sécurité contre toute forme de violence armée.
Les plaignants appellent les autorités à agir, soulignant la disponibilité des témoins à comparaître. Le renouvellement de la plainte est présenté comme une requête en justice, les plaignants se portant partie civile.
Guy Philippe a joué un rôle central dans la rébellion armée qui a conduit au renversement du président haïtien Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004. Cette insurrection a eu lieu dans un contexte de troubles politiques et sociaux en Haïti. Philippe, un ancien officier des forces armées d’Haïti et de la police haïtienne, a dirigé le Front pour la Reconstruction Nationale (FRN), un groupe rebelle, considéré alors comme le bras armé de la coalition d’opposition dénommée ‘‘Grenn Nan Bouda (GNB/couilles dans les fesses) dans le cadre de ce mouvement visant le renversement du gouvernement en place.
Les événements ont culminé avec le départ forcé du président Aristide en février 2004, emmené par un commando américain. Il s’ensuit une période d’instabilité politique dans le pays. Cependant, la participation de Guy Philippe et de son groupe rebelle a été associée à des allégations de crimes graves, notamment des violations des droits de l’homme et des actes de violence, des incendies de commissariats de police, de biens privés entre autres.
Pendant cette période, des rapports ont fait état d’atteintes aux droits de l’homme, de pillages et d’autres actes criminels imputés aux forces rebelles, dont Guy Philippe était l’un des leaders. Ces allégations ont suscité des préoccupations au niveau national et international concernant la sécurité et la stabilité d’Haïti.
Il est important de noter que Guy Philippe a été arrêté en janvier 2017 et extradé vers les États-Unis, où il a été condamné en juin 2017 pour blanchiment d’argent lié au trafic de drogue.
Le 30 novembre dernier, l’ancien chef putschiste et sénateur élu qui n’a pas eu le temps de siéger au Sénat, condamné pour blanchiment d’argent provenant du trafic de la drogue, Guy Philippe a été expulsé par les États-Unis vers son pays d’origine, après avoir purgé une peine de prison de six ans.
Depuis sa déportation, Guy Philippe multiplie les initiatives qui le placent sous les feux des caméras en dénonçant les puissances internationales responsables selon lui, des malheurs d’Haïti, et appelant à la mobilisation générale pour contrer l’action des bandits qui opèrent en toute impunité dans le pays.