PORT-AU-PRINCE, mardi 15 août 2023– Des organisations socio-politiques et personnalités issues d’Haïti et de la diaspora haïtienne exhortent la Russie, à travers son représentant aux Nations-Unies, Dmitry Polyanskiy, à ne pas cautionner l’envoi de ‘‘forces d’occupation’’ en Haïti.
Dans une correspondance adressée à l’ambassadeur Polyanskiy, les organisations signataires dont PADPA, KONBIT, ASO, UNNOH entre autres, affirment que l’initiative pour déployer des troupes étrangères en Haïti, est un complot americano-onusien.
A travers leur démarche, les signataires espèrent que « l’initiative du représentant de la Fédération de Russie pourra contribuer à enrayer la dérive américano-onusienne, assimilée à un complot criminel consistant à vouloir imposer, par tous les moyens et pour la défense de leurs intérêts exclusifs, une nouvelle occupation étrangère en Haïti ».
D’après les signataires qui sont plus d’une cinquantaine d’organisations et personnalités, les gangs armés, qui opèrent dans le pays sont des outils de légitimation de l’occupation étrangère d’Haïti.
Elles s’en prennent au gouvernement de facto actuel et aux gangs armés qui, déclarent-elles, ‘‘sont activement et quotidiennement mobilisés en vue d’aider à renforcer le chaos fabriqué devant servir de justification à l’occupation.’’
Les organisations et personnalités signataires dénoncent ce qu’elles appellent ‘‘le support officiel de l’ONU et sa complicité choquante et répétée vis-à-vis d’un gouvernement de facto.’’
‘‘Ce gouvernement, ajoutent-elles, est prêt à tout pour assurer son maintien au pouvoir et continuer ainsi à opprimer le peuple haïtien au profit de ses supporteurs internationaux, ses patrons pour lesquels il travaille. Une telle sollicitation est de nature à pénaliser encore plus le peuple haïtien et à entraver la jouissance de son droit légitime à l’autodétermination reconnu par la charte même de l’ONU.’’
Elles dénoncent le non-respect par les Etats-Unis d’Amérique de la Résolution 2653 (2022) adoptée depuis octobre 2022 par le Conseil de Sécurité relative à l’interdiction du trafic d’armes vers Haïti
Les signataires soulignent qu’une enquête de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) atteste que les armes et munitions utilisées par les gangs à des fins terroristes contre la population proviennent surtout des Etats-Unis d’Amérique.
Selon elle, « les gangs sont au service et opèrent sur commande notamment du pouvoir en place, ainsi que du Core Group dirigé par les USA ».
Elles se réfèrent à un récent rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), selon lequel,: « depuis le 15 janvier 2023, Vitelhomme Innocent – présenté par plus d’un comme le protégé du Directeur General de la Police, Frantz ELBE et de plusieurs autres haut-gradés de la PNH – circule dans un cortège composé, entre autres, de deux (2) véhicules portant respectivement des plaques d’immatriculation Service de l’Etat et Officiel et d’un véhicule de l’institution policière de marque Toyota Pick-up double cabine immatriculé 1-01191 clairement identifié comme appartenant à la PNH. »
Elles estiment que ‘‘l’intervention militaire injustement sollicitée et à laquelle s’accrochent l’actuel Secrétaire Général de l’ONU et les USA ne saurait en aucune manière garantir la paix et la sécurité ou combattre les gangs armés en mission.’’
« Haïti a connu déjà diverses expériences douloureuses d’intervention militaire qui n’ont fait qu’empirer sa situation, ajoutant que des dizaines de milliers de familles haïtiennes gardent encore le goût amer du lourd tribut laissé par les diverses missions onusiennes d’occupation particulièrement celle dénommée MINUSTAH qui a introduit le fléau meurtrier du choléra en 2010 ».
Elles déclarent dans leur correspondance : « Le peuple haïtien en souffrance mais en lutte exige le départ sans condition de cette équipe gouvernementale corrompue, criminelle, discréditée et une Haïti souveraine, libérée de l’ingérence des puissances impérialistes. »
Les signataires réclament ‘‘l’envoi en urgence sur le terrain d’une commission d’enquête indépendante incluant, entre autres, des représentants de la Russie et de la Chine pour une évaluation d’abord du niveau de complicité entre les gangs armés, le Core Group et le pouvoir en place et ensuite pour une évaluation de ces dix-huit années d’accompagnement de l’ONU ayant conduit à la situation chaotique actuelle.’’
Elles expliquent que cette commission sera chargée ainsi d’évaluer les résultats concrets des différentes ‘‘missions onusiennes d’occupation’’ déjà envoyées en Haïti et notamment de la dernière en date, le BINUH.
Selon elles, pour rétablir leur éthique, leur moralité ainsi que leur humanité, l’ONU et USA, ne doivent plus rentrer dans la logique d’ajouter du mal au mal haïtien. Ils doivent abandonner sans délai ce projet illicite et machiavélique d’intervention militaire internationale en Haïti qui risque d’empoisonner un peu plus la situation sur le terrain, soutiennent-elles.
Le 29 juillet dernier, le ministre kenyan des affaires étrangères, Alfred Mutua a informé que son pays était prêt à diriger une force multinationale en Haïti.
Des gangs armés opérant en toute impunité, contrôlent de vastes territoires de la région métropolitaine de Port-au-Prince et entretiennent un climat de terreur et de violence criminelle.
L’escalade de la violence par les gangs armés d’Haïti est à l’origine d’une crise humanitaire qui a déplacé des dizaines de milliers de personnes.
Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé le Conseil de sécurité et les principaux pays contributeurs potentiels à agir rapidement pour créer les conditions du déploiement de la force multinationale en Haïti.