PORT-AU-PRINCE, dimanche 25 septembre 2022– Au moins quarante organisations socio-politiques haïtiennes expriment leur colère contre les déclarations du secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres qui a associé la mobilisation populaire déclenchée depuis plus d’un mois a un mouvement dirigé par des gangs armés.
Selon ces organisations, dont IPAM, PAPDA, MOLEGHAF, FANM VANYAN et KONBIT entre autres, les déclarations de Guterres, qui sont basées sur un ensemble de fausses informations, sont sujettes à jeter de la confusion, à criminaliser, discréditer la lutte des haitiens en faveur d’une Haïti souveraine, juste, vivable.
Dans une correspondance a Guterres, les signataires déclarent : « Contrairement à vos assertions, ces protestations populaires s’inscrivent dans une lutte pour une Haïti libérée de la suffocante ingérence étrangère, de la gangstérisation, de cette extrême misère fabriquée et d’un régime politique antinational, illégitime, criminel établi par le Core Group dont fait partie l’ONU » .
Les organisations indiquent que, ‘‘ce régime politique fantoche opérant sous la dictée du Fonds Monétaire International (FMI) vient de poignarder le peuple par la décision d’augmenter de plus de cent pour cent (128%) le prix des produits pétroliers qui ont subi déjà, en moins d’un an, une augmentation vertigineuse ayant entrainé le doublement et le triplement dans certain cas, des prix des produits de première nécessité et autres.’’
Elles estiment que le chef de l’ONU a été mal renseigné lorsqu’avec ‘‘une très grande légèreté, il a déclaré sur la chaine française France 24 que ce qui se passe actuellement en Haïti serait une affaire de gangs ayant envahi tout le pays et que ce mouvement de gangs serait infiltré par des secteurs politiques et des hommes/femmes d’affaires.’’
« La vérité, selon les organisations, c’est que les gangs en Haïti qui sont les appendices politiques de l’actuel pouvoir de facto, du Core Group-qui opèrent en toute quiétude et sous commande-ont tenté d’infiltrer le mouvement de protestation Populaire, sous l’ordre de leurs patrons, pour jeter de la confusion, le discréditer et fournir ainsi à l’international et à vous particulièrement un prétexte pour parvenir à le criminaliser ».
‘‘A l’opposé de ce que vous avez osé alléguer sans aucune preuve, ce sont les gangs – dont la fédération vous a été présentée comme réductrice des cas de meurtres par Mme Lalime, votre actuelle représentante spéciale – qui ont, sur autorisation et sur demande “spéciale” essayé d’infiltrer la mobilisation populaire pour semer la confusion et tenter ainsi de la dénaturer’’, écrivent les organisations.
Agacées par le comportement de Guterres, les organisations se demandent, ‘‘dans ces conditions, comment le secrétaire général veut-il que les familles restent les bras croisés face à cette décision malveillante et malvenue du Premier ministre illégitime qui les pénalise si terriblement ?’’
‘‘Les familles ou les masses populaires ont-elles besoin dans ce cas des gangs soutenus par l’ONU qui les massacrent, les kidnappent quotidiennement pour les flanquer dans les rues ?’’, s’interrogent-elles.
Les organisations se disent convaincues, que le temps est venu pour que les relations entre Haïti et le système des Nations Unies soient désormais définies sur de nouvelles bases compte tenu du bilan négatif et désastreux des missions onusiennes déployées en Haïti depuis la décennie 1990.
Les allégations de Antonio Guterres ont été reprises par un conseiller de Joe Biden, Juan Gonzalez, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau et le chef du gouvernement de fait haïtien Ariel Henry.