SAINT-DOMINGUE, vendredi 28 mars 2025–Vingt-deux organisations sociales de la République dominicaine dénoncent la marche raciste prévue le 30 mars contre la communauté de Hoyo de Friusa, dans le district touristique de Verón-Punta Cana. Elles rejettent fermement cette manifestation, organisée par des groupes d’extrême droite, des partisans du régime de Trujillo et des figures politiques du Parti de la Libération Dominicaine (PLD), et mettent en garde contre les risques de violences qu’elle engendre. « Nous tenons le gouvernement pour responsable de toute tragédie qui pourrait survenir », affirment-elles.
Dans leur déclaration conjointe, les organisations alertent sur le climat de persécution systématique dont sont victimes les travailleurs immigrés haïtiens dans les zones touristiques de l’Est du pays. Elles dénoncent « un harcèlement, un acoso et une extorsion de manière systématique par agents migratoires, policiers et militaires ». Face au discours officiel qui présente ces travailleurs comme « une charge économique pour la République dominicaine et une menace pour la sécurité et la souveraineté », elles rappellent leur contribution essentielle à l’économie nationale. « Il suffit d’observer l’infrastructure hôtelière construite par des travailleurs haïtiens pour constater leur apport économique », soulignent-elles, rappelant que cette main-d’œuvre est également indispensable à l’agriculture et à d’autres secteurs du pays.
Elles appellent directement le président Luis Abinader à « mettre un terme aux discours stigmatisants et qui incitent à la haine raciale contre les travailleurs et les communautés immigrantes haïtiennes ».
Dans ce contexte de violence, elles dénoncent l’assassinat de Pierre Presnor, travailleur haïtien tué le 23 mars à Uvero Alto par Héctor Ramírez Pérez. Elles exigent « la libération des six travailleurs haïtiens arbitrairement détenus après avoir été victimes de cette attaque armée », et tiennent le ministère du Travail pour responsable des « violations des droits humains et du vol des salaires des travailleurs immigrés ». Elles demandent également que la famille de Pierre Presnor soit indemnisée et que justice soit rendue.
Elles considèrent que la marche du 30 mars représente « une grave provocation » contre une communauté où résident de nombreux travailleurs haïtiens du secteur de la construction. Elles dénoncent son caractère illégal, en raison des appels à s’y rendre armé, notamment de la part de l’influenceur Esmerlin Santiago Matías, alias Alofoke. Elles rappellent que l’« Antigua Orden Dominicana » est connue pour ses actions paramilitaires et terroristes, incluant des agressions contre des défenseurs des droits humains et des enlèvements de personnes haïtiennes. « Il est documenté que certains de ses membres ont été intégrés dans les rangs de la Police nationale », alertent-elles, et dénoncent « l’encouragement du gouvernement aux activités illégales de cette organisation ».
Elles interpellent directement le président Abinader : « Nous comprenons que la marche du 30 mars peut aboutir à une tragédie de grande ampleur que vous avez le devoir d’empêcher, ou d’en assumer l’entière responsabilité au niveau national et international ».