Des organisations paysannes réclament une enquête de l’ULCC sur la spoliation des terres de l’État dans le Nord-Est…

Me Evens Fils, Batonnier de Fort-Liberte, membre du CSPJ....

TERRIER-ROUGE, 23 avril 2025 (RHINEWS)— Dans une lettre adressée au directeur départemental de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) du Nord-Est, Me Evens Fils, la Coordination de Résistance contre le Dappiyanp sur les terres paysannes dans le Nord et le Nord-Est (KRDTPN-NE) a appelé à l’ouverture d’une enquête sur ce qu’elle qualifie de « spoliation organisée des terres de l’État » au profit d’acteurs puissants opérant sous couvert d’institutions publiques et privées.

Basée à Terruer-Rouge, cette coordination regroupe plusieurs militants paysans qui dénoncent depuis des années une « machinerie d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent » qui se dissimulerait derrière la vente et l’appropriation de terres agricoles publiques. Selon eux, cette exploitation illégale s’effectue avec la complicité d’autorités locales, de notaires, d’agents de la Direction générale des impôts (DGI), et même d’acteurs du système judiciaire.

Dans la correspondance transmise le 7 avril, les signataires du document – dont Milostène Castin, Alta Prophete et Edelon Elisma – affirment que ces pratiques violent à la fois la Constitution haïtienne et les conventions internationales ratifiées par Haïti. « Les paysans sont expropriés de manière arbitraire, illégale, après des décennies passées à cultiver ces terres de l’État. Le droit de préemption leur est dénié, en toute violation de l’article 39 de la Constitution de 1987 et du décret du 22 septembre 1964 », peut-on lire dans la lettre.

La Coordination accuse également les arpenteurs publics de mener des opérations d’évaluation foncière sans respecter les cadres légaux établis, notamment le décret de 1975 régissant les domaines de l’État. Elle interpelle l’ULCC pour qu’elle examine le rôle du ministère de l’Économie et des Finances ainsi que celui de la Direction du Domaine dans ce qu’elle qualifie de « vol systémique de la souveraineté foncière des communautés rurales ».

« L’ULCC a les moyens d’intervenir. Le peuple paysan n’a plus confiance dans les institutions traditionnelles. Il est temps que la lumière soit faite sur ces accords frauduleux qui appauvrissent les campagnes »,selon la correspondance.

Le document envoyé à l’ULCC est accompagné d’une pétition et de la liste complète des signataires, que la coordination considère comme un acte de mobilisation citoyenne face à l’inaction des autorités locales. Pour l’heure, la direction départementale de l’ULCC n’a pas encore officiellement réagi à cette requête.