Des organisations paysannes du Nord et du Nord-Est s’erigent contre l’impunite dont jouissent les auteurs du massacre de Jean-Rabel…

Milostene Castin, Militant des droits humains et Dirigeant de AREDE

TERRIER-ROUGE, samedi 27 juillet 2024– La ‘‘Kòdinasyon Rezistans Kont Dappiyanp sou Tè Peyizan Nò ak Nòdès’’ ( KRKDTPN-NE), basée à Terrier Rouge, dans le département du Nord-Est d’Haïti, dénonce les injustices dont les paysans continuent de subir à l’occasion de la commémoration du massacre des paysans de Jean Rabel, survenu le 23 juillet 1987.

L’organisation souligne dans un communiqué que le 23 juillet 1987, ‘‘dans la région de Beauchamps, 7ème section communale de Jean Rabel, plusieurs centaines de paysans ont été massacrés sur ordre du Général Henry Namphy, en collaboration avec les familles Lucas et Poitevien, et sous l’obédience de l’ambassade américaine. Ce massacre, orchestré par un groupe de bandits armés, a fait plus de 139 morts sur place, plusieurs centaines de blessés et des dizaines de disparus. À l’hôpital La Montagne, plus de 50 blessés ont été soignés, mais les capacités des hôpitaux locaux étaient rapidement dépassées. Les cadavres des paysans sont restés dans les broussailles, où ils ont été dévorés par des chiens, tandis que des ordres étaient donnés par le juge de paix local pour enterrer les blessés encore vivants dans de grandes fosses communes.’’

‘‘Ce massacre s’est déroulé dans un contexte où les paysans luttaient pour la justice sociale, réclamant une réforme agraire intégrale, des crédits agricoles, l’irrigation, et des compensations du gouvernement haïtien et de l’ambassade américaine pour les cochons créoles abattus et les sinistres qui ravageaient leur production agricole’’, écrit l’organisation.

Aujourd’hui, poursuit-elle, les paysans des départements du Nord et du Nord-Est expriment leur inquiétude face à la répétition de tels actes. Depuis le séisme du 12 janvier 2010, la terre est devenue un enjeu économique majeur, suscitant l’intérêt de grandes associations criminelles dans ces régions. Ces groupes malfaiteurs s’approprient systématiquement les terres des paysans, violant leurs droits fonciers et menaçant de faire disparaître la production agricole de toute la plaine du Nord.

Selon l’organisation, ‘‘ces associations criminelles incluent des membres d’institutions étatiques telles que le Ministère de l’Économie et des Finances, la DGI, le Domaine, les parquets, les tribunaux de première instance, les tribunaux de paix, les arpenteurs, les notaires, les avocats, les juges, les mairies, les CASEC, ainsi que des bandits armés. Parmi les personnalités impliquées, on compte l’ancien ministre Adoin Zephirin, les anciens sénateurs Wanique Pierre et Hervé Fourcand, l’ancien ministre Fritz Jean-Louis, Patrick Belliard, Shereef Abdalha, Olivier Barreau, Romel Bel, et Martine Moise. Ces malfaiteurs montent de faux projets tels qu’AGRITRANS S.A, REPLADA S.A, AGRIDE S.A, REMEN TIMOUN, CAP TERMINAL S.A, PIC Caracol, et la construction de villas à Terrier Rouge, entre autres.’’