PORT-AU-PRINCE, mercredi 26 fevrier 2025– Plusieurs organisations haïtiennes tirent la sonnette d’alarme sur l’état critique du pays. Alors que les gangs poursuivent leur expansion et que l’insécurité atteint des niveaux sans précédent, la décision récente de la Cour d’Appel suscite des interrogations sur l’avenir immédiat du pays. Cette décision intervient à un moment où le processus de transition politique reste bloqué, notamment avec l’annonce de l’arrivée prochaine de Fritz Jean à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Les signataires du communiqué dénoncent le climat d’incertitude qui paralyse la nation et appellent à des mesures urgentes pour éviter l’effondrement total du pays.
L’un des points centraux du communiqué est la montée en puissance des groupes armés, qui imposent leur loi sur une grande partie du territoire national, notamment à Port-au-Prince et dans plusieurs autres départements. « La population vit dans une terreur permanente. Les gangs dictent leurs lois dans plusieurs régions du pays pendant que les institutions étatiques s’effondrent sous nos yeux », dénoncent les organisations signataires. La capitale haïtienne est particulièrement touchée, avec des quartiers entiers contrôlés par des groupes criminels qui se livrent à des actes de violence, des enlèvements et des exécutions sommaires. La police nationale, en sous-effectif et en manque de moyens, peine à rétablir l’ordre face à ces groupes lourdement armés qui défient l’autorité de l’État.
La situation humanitaire est également au cœur des préoccupations exprimées par ces organisations. L’insécurité empêche des milliers de familles d’avoir accès à des services de base, notamment à l’eau potable, à la nourriture et aux soins de santé. Le manque de carburant paralyse les hôpitaux, tandis que les écoles ferment leurs portes en raison des menaces constantes. « Nous sommes face à une catastrophe humanitaire sans précédent. Si aucune action immédiate n’est entreprise, la situation risque de devenir totalement incontrôlable », avertissent-elles. Les déplacés internes, qui se comptent désormais par dizaines de milliers, vivent dans des conditions de grande précarité, sans abri et sans accès aux ressources essentielles.
Dans ce climat de chaos, la récente décision de la Cour d’Appel suscite de nombreuses interrogations quant à ses conséquences sur le plan judiciaire et politique. Les signataires du communiqué expriment leurs inquiétudes sur le fait que cette décision, rendue dans un contexte de grave crise institutionnelle, pourrait être instrumentalisée pour servir des intérêts politiques ou retarder davantage la mise en place du Conseil Présidentiel de Transition. « Cette décision intervient à un moment où les institutions judiciaires sont affaiblies et où la population a perdu toute confiance dans la justice. Il est impératif que les autorités fassent preuve de responsabilité et garantissent la transparence du processus en cours », exigent-elles.
Le retard dans la mise en place effective du CPT est un autre sujet de préoccupation soulevé par le communiqué. L’annonce de l’arrivée prochaine de Fritz Jean à la tête du Conseil Présidentiel de Transition ne semble pas suffire à rassurer la population, qui craint un enlisement du processus et une aggravation de la crise politique. Les organisations signataires estiment que l’absence de gouvernance efficace et l’incertitude entourant la transition ne font qu’aggraver la crise sécuritaire et humanitaire. « Nous avons besoin d’un leadership clair et déterminé pour sortir de cette impasse. La population ne peut plus se permettre d’attendre indéfiniment que des arrangements politiques soient finalisés pendant que le pays s’effondre », insistent-elles.
L’économie haïtienne, déjà fragilisée, continue de sombrer sous l’effet de cette instabilité prolongée. L’absence d’un gouvernement fonctionnel empêche la mise en œuvre de politiques publiques capables d’atténuer les souffrances de la population. La dévaluation de la monnaie nationale, la flambée des prix des produits de première nécessité et le blocage du secteur informel affectent gravement le quotidien des citoyens. De nombreux entrepreneurs ont été contraints de fermer leurs commerces en raison des menaces des gangs et du manque de sécurité. « L’instabilité politique et sécuritaire a des conséquences désastreuses sur l’économie. Sans une intervention immédiate des autorités, le pays risque de connaître une crise économique encore plus profonde », avertissent les organisations signataires.
Face à cette situation dramatique, le communiqué appelle à une prise de conscience et à des actions immédiates pour éviter un effondrement total du pays. Les organisations demandent aux autorités nationales de prendre des mesures concrètes pour restaurer la sécurité, garantir la mise en place effective du CPT et assurer la continuité des institutions essentielles. Elles interpellent également la communauté internationale sur l’urgence d’une assistance humanitaire d’envergure pour répondre aux besoins des populations les plus vulnérables. « Haïti est à un tournant décisif. Il est temps d’agir avec sérieux et détermination avant qu’il ne soit trop tard », conclut le communiqué.