Port-au-Prince, 16 février 2022 – Avocats sans frontières Canada (ASFC), l’Institut pour la Justice et la Démocratie en Haïti (IJDH) et la Global Justice Clinic (GJC) de la Faculté de droit de l’Université de New York expriment leurs vives inquiétudes face aux menaces de mort dont a fait l’objet, en janvier 2022, M. Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
ASFC, l’IJDH et la GJC dénoncent ces actes d’intimidation qui surviennent à la suite de la publication d’un rapport du RNDDH sur le déroulement de l’instruction de l’assassinat du Président Jovenel Moïse, le 6 janvier 2022. Les organisations appellent l’État haïtien à prendre des mesures urgentes pour assurer la protection de M. Espérance et de sa famille.
ASFC, l’IJDH et la GJC s’indignent que ces quatre dernières années le RNDDH et son directeur exécutif ont été la cible de plusieurs attaques armées et de menaces de mort. En avril 2018 et en mai 2020, les locaux de l’organisation ont été criblés de balles.
Ils ne sont pas les seuls. Entre février et août 2021, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti a recensé 32 attaques, menaces et actes d’intimidation contre des défenseurs des droits humains et des acteurs de la justice.
L’État a l’obligation de garantir la protection des défenseurs des droits humains
Les défenseurs des droits humains, comme M. Pierre Espérance, jouent un rôle clé dans la consolidation de l’État de droit. Il incombe à l’État de prendre toutes les mesures nécessaires pour les protéger de toutes menaces ou violence, conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains.
ASFC, l’IJDH et la GJC appellent l’État haïtien à diligenter une enquête pour identifier les auteurs des menaces et les traduire devant la justice. Il est important que les dispositions nécessaires soient prises pour éviter la répétition de tels actes. De plus en plus, le climat d’insécurité se détériore en Haïti. Au mois de janvier 2022 seulement, au moins cinquante personnes ont été assassinées dont, cinq policiers, deux avocats et deux journalistes.
ASFC, l’IJDH et la GJC renouvellent leur solidarité à toute l’équipe du RNDDH, aux actrices et acteurs de la justice et à tous les défenseur des droits humains qui s’impliquent dans la promotion, la défense et la mise en œuvre des droits des personnes et des groupes en situation de vulnérabilité en Haïti.
« Les menaces à l’encontre de M. Espérance sont inacceptables et doivent faire l’objet d’une réponse rapide des autorités concernées. Le travail des défenseurs des droits humains est essentiel à la consolidation de l’État de droit en Haïti. Avocats sans frontières Canada lui est solidaire et s’engage à continuer à travailler aux côtés de la société civile haïtienne pour que la lumière soit faite tant dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse que pour tous les crimes qui demeurent dans l’impunité », déclarent les organisations.
Selon, Me Pascal Paradis, directeur général d’Avocats sans frontières Canada, « les menaces de mort contre Pierre Espérance sont une attaque contre tous ceux qui en Haïti travaillent pour les droits humains et la justice. Les menaces de mort sont également un test de l’engagement du gouvernement en faveur de l’État de droit, que les autorités ne peuvent réussir qu’en enquêtant rapidement et efficacement sur ces crimes. »
Pour Me Brian Concannon, directeur exécutif de l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti, « La protection des individus, comme M. Pierre Espérance, luttant pour bâtir un Haïti plus fort, plus juste et moins corrompue, est essentielle pour le futur du pays, pour la démocratie et pour la justice sociale. Le contexte sécuritaire actuel en Haïti est trop grave pour fermer les yeux face à ces menaces. La Clinique appelle à l’action immédiate pour assurer la protection de M. Espérance, et reste solidaire avec l’équipe du RNDDH, ainsi qu’avec tous les défenseurs des droits humains et militants pour la justice sociale en Haïti.»