Des organisations des droits humains exercent un recours pour interpeller l’État haïtien sur le blocage en justice de l’affaire Duvalier et consorts…

Jean-Claude Duvalier, ancien president a vie d'Haiti

Port-au-Prince, jeudi 30 septembre 2021- C’est le Collectif contre l’impunité (CCI) et Avocats sans frontières Canada (ASFC) qui ont exercé ce recours via une pétition à la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

Selon un communiqué de ces deux organisations de défense des droits humains, ‘‘ce recours à la Commission vise à demander la reconnaissance de la responsabilité et la sanction de l’État haïtien pour les violations de droits humains commises sous le régime Duvalier, en particulier contre les victimes ayant porté plainte.’’

Le CCI et l’ASFC rappellent qu’en 2014, une étape avait été franchie lorsque la Cour d’appel de Port-au-Prince reconnaissait l’existence de sérieux indices relatifs à la responsabilité de Jean-Claude Duvalier et de ses acolytes dans les violations de droits humains perpétrés sous son régime.

‘‘Les accusations de crimes contre l’humanité et de crimes financiers ont été maintenues et la Cour d’appel a ordonné un supplément d’instruction impliquant l’audition des plaignants et témoins qui n’avaient pas été entendus, ainsi que l’identification et l’interrogatoire de tous les auteurs présumés des crimes,’’ ont souligné les organisations.

Depuis 2015, hormis quelques auditions, rien n’a bougé, déplorent le CCI et l’ASFC rappelant que le juge d’instruction désigné, Durin Duret Junior, n’a toujours pas remis son rapport à la Cour d’appel. Le blocage du dossier représente un déni de justice pour les plaignants et le peuple haïtien,’’ selon les deux organisations.

Soulignant que l’absence de justice pour les victimes des crimes commis sous le régime Duvalier favorise la persistance de l’impunité dans la société haïtienne, le CCI et l’ASFC indiquent que la consolidation de l’État de droit démocratique dépend de la volonté et de la capacité de l’État haïtien à respecter les droits humains, à prévenir leurs violations et à faire juger et condamner les auteurs.

Selon les organisations, ‘‘il est de la responsabilité des autorités d’adopter toutes les mesures nécessaires pour mener une enquête sérieuse et garantir la sécurité tant des magistrats œuvrant dans ce dossier que des victimes qui ont le courage de dénoncer les crimes.’’

L’ex-président à vie, Jean Claude Duvalier a dirigé le pays d’avril 1971 au 7 février 1986. Il est décédé le 4 octobre 2014 à l’âge de 63 ans.

‘‘Baby Doc’’ a succédé à son père François Duvalier ‘‘Papa Doc’’ qui était lui-même président et qui a dirigé le pays de 1957 à avril 1971. C’est son fils Jean Claude Duvalier qui a hérité du pouvoir.

Il était accusé de crime contre l’humanité et d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent du trésor public.

Après 25 ans d’exil en France, sur la terre de ses grands parents du côté paternel, il est revenu au pays le 16 janvier 2011. Les efforts des défenseurs des droits humains pour le faire juger, n’ont toujours pas abouti.