PORT-AU-PRINCE, vendredi 11 octobre 2024– Plusieurs organisations de défense des droits humains et des associations de la société civile haïtienne élèvent une voix commune pour dénoncer la politique de déportation massive des migrants haïtiens mise en œuvre par la République Dominicaine. Ces organisations, parmi lesquelles Kri Fanm Ayisyen (KRIFA), Groupe d’Appui à la Réinsertion Sociale (GARSO), et l’Association Passionnante Haïtienne pour le Service Social (PHASS), ont publié un communiqué condamnant fermement cette décision qu’elles qualifient d’« injuste » et « inhumaine ».
La décision des autorités dominicaines, adoptée la semaine dernière, prévoit l’expulsion d’environ 10 000 migrants haïtiens sans-papiers par semaine. Selon les signataires du communiqué, cette politique constitue une violation flagrante des droits fondamentaux des migrants haïtiens et piétine les engagements internationaux de la République Dominicaine, notamment l’article 22-9 de la Convention américaine des droits de l’Homme, qui interdit explicitement l’expulsion collective d’étrangers. « Un tel mépris pour la justice et les droits fondamentaux ne saurait rester impuni », déclarent les organisations dans leur note conjointe.
Les organisations rapportent des scènes d’une violence préoccupante, où des agents dominicains pourchassent, frappent et entassent les migrants haïtiens dans des conditions dégradantes. Des images et des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des hommes, des femmes et des enfants entassés dans des camions, privés non seulement de leur liberté, mais aussi de leur dignité. « Cette situation est inadmissible et intolérable », poursuivent les organisations, appelant la communauté internationale à condamner ces pratiques qu’elles considèrent comme « barbares ».
Au-delà des sans-papiers, les organisations révèlent que même les Haïtiens résidant légalement en République Dominicaine sont désormais contraints de vivre dans la peur constante d’être arrêtés et expulsés illégalement. Cela affecte particulièrement la diaspora haïtienne qui, depuis longtemps, contribue au développement économique des deux nations. « Même ceux qui possèdent un statut légal vivent dans la terreur, cloîtrés chez eux », dénoncent-elles, soulignant la gravité des violations des droits humains dont sont victimes les Haïtiens en République Dominicaine.
Face à cette crise, les organisations signataires appellent le gouvernement haïtien à « prendre ses responsabilités historiques » pour défendre la dignité et les droits des migrants haïtiens. Elles réclament également la mise en place de bureaux d’assistance aux points frontaliers pour recueillir les plaintes des migrants et assurer la médiation nécessaire à la récupération de leurs biens matériels et immatériels confisqués lors des expulsions.
Les déportations massives, qui ont déjà touché plus de 250 000 Haïtiens en 2023, rappellent tristement les tensions historiques entre les deux pays partageant l’île d’Hispaniola. Les organisations rappellent que Haïti, première République noire du monde, s’est toujours levée contre l’injustice et l’oppression. « Aujourd’hui encore, face à cette nouvelle attaque contre notre dignité, nous ne fléchirons pas », affirment-elles avec conviction, appelant à l’unité nationale pour faire face à cette situation alarmante.