Des immigrants haïtiens forcés de faire des dépôts bancaires pour éviter l’expulsion

Agents de la migration dominicaine...

Saint-Domingue, RD.– Un prêtre et plusieurs immigrants ont dénoncé que, par le biais de dépôts bancaires, les immigrants haïtiens paient des extorsions à des agents de migration pour éviter d’être expulsés.

L’une des victimes a révélé comment il a été emmené avec d’autres détenus dans un lieu isolé avant d’arriver à Haina, où on leur a demandé entre 15 000 et 20 000 pesos pour leur libération.

Lors d’une interview dans l’émission “Toute la Vérité”, animée par la journaliste Odalis Castillo et diffusée sur la chaîne VTV 32, des Dominicains d’origine haïtienne et des ressortissants haïtiens ont expliqué que la nouvelle méthode consiste à faire des dépôts sur un compte bancaire pour que les agents puissent vérifier via leurs téléphones si l’argent a été reçu, et une fois confirmé, ils libèrent les immigrants.

Cette situation n’est qu’une des nombreuses dénonciations d’extorsion et d’abus commis par des agents de migration lors d’une opération menée à Santa Cruz del Seibo en mars.

Le prêtre Miguel Ángel Grullón, directeur de Radio Seibo, a également dénoncé ces pratiques corrompues.

Selon le prêtre, les agents faisaient irruption dans les maisons pendant la nuit, volant des biens et arrêtant des personnes qui étaient ensuite libérées après avoir payé de grandes sommes d’argent, certaines en espèces et d’autres par des dépôts sur des comptes bancaires fournis par les agents.

Francia, l’une des victimes de l’opération, a été blessée pendant l’incursion. “J’ai vu que c’était un policier, j’ai essayé de fuir, mais ils m’ont renversée et frappée. J’ai eu besoin de six points de suture au menton”, a raconté la jeune haïtienne. La violence et la peur ont marqué cette nuit, affectant profondément la communauté.

Sonisa, une autre jeune fille ayant également subi l’abus, a expliqué comment les agents n’ont pas respecté son âge ni l’état de sa tante enceinte. “Ils m’ont attrapée par le bras, m’ont pointé avec un fusil et m’ont dit que je devais partir avec eux. Tout cela sans tenir compte du fait que je suis mineure”, a-t-elle dit.

Le témoignage d’Arturo Mejía révèle d’autres détails. “Nous avons vu comment ils ont forcé une dame à monter dans le véhicule, et lorsque son mari a essayé de la défendre, ils l’ont battu brutalement. Même les enfants n’ont pas été épargnés. Ils ont emmené un ami à moi en uniforme scolaire”, a-t-il dénoncé.

Ces actions, réalisées à des heures interdites et portant atteinte à la dignité des personnes, violent de multiples droits humains. Les témoignages indiquent que les victimes étaient libérées uniquement après avoir payé de l’argent, perpétuant un cycle de corruption et d’abus qui semble sans fin.

Les autorités de la Direction de la Migration n’ont pas encore offert de réponses concrètes à ces dénonciations, malgré leur connaissance des faits. Pendant ce temps, la communauté reste unie dans son soutien au Père Grullón, en espérant que les enquêtes aboutissent et qu’il soit mis fin à ce commerce lucratif qui semble se nourrir du chaos.

Cet article a été publié initialement en espagnol sur: https://7dias.com.do