Des Haïtiens se mobilisent à Miami pour exiger l’arrestation de Michel Martelly…

Tony Jean Tenor, coordonnateur de Veye Yo...

MIAMI, dimanche 25 août 2024 – À l’initiative de l’organisation socio-politique ‘‘Veye Yo’’, un sit-in a été organisé dimanche 25 août 2024 à Miami pour exiger l’arrestation de l’ancien président d’Haïti, Michel Martelly, sanctionné par le Département du Trésor américain pour corruption, trafic de drogue, blanchiment des avoirs et parrainage des gangs armés en Haïti.

Lors de ce sit-in, déroulé au pied de la statue de Toussaint Louverture située à l’intersection de North Miami Avenue et de la 62e Rue, à Little Haïti, les protestataires ont arboré des pancartes avec des slogans appelant à l’inculpation, l’arrestation et l’incarcération de Martelly pour les graves accusations portées contre lui par le Département du Trésor.

Des participants au sit-in…

« Nous réclamons un traitement équitable pour ‘‘Sweet Micky’’ comme pour tous ceux qui, comme lui, sont impliqués dans le trafic de drogue et qui ont été arrêtés chez eux en Haïti, en Amérique du Nord et en Amérique latine, puis extradés vers les États-Unis où ils ont été jugés et condamnés à de lourdes peines de prison », a déclaré Tony Jean Ténor, coordonnateur de ‘‘Veye Yo’’.

Il a rappelé le cas de l’ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, reconnu coupable d’avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne aux États-Unis, et qui a été condamné le 26 juin 2024 à New York à 45 ans de prison pour trafic international de drogue. Il a également été condamné à payer une amende de 8 millions de dollars. Celui qui fut chef d’État de 2014 à 2022 avait été reconnu coupable en mars d’association de malfaiteurs en vue de trafic de drogue et de possession d’armes.

Jean Ténor a également cité l’affaire de Manuel Antonio Noriega, ex-dictateur et ex-agent de la CIA, longtemps incarcéré pour trafic de cocaïne, blanchiment d’argent et pour la disparition d’opposants politiques, qui a été condamné à 40 ans de prison par un tribunal de Miami pour trafic de drogue, blanchiment et crime organisé.

Il a passé 20 années derrière les barreaux aux États-Unis, avant d’être extradé vers la France en 2010, où il avait été condamné par contumace en 1999 à sept ans de prison pour blanchiment d’argent. En décembre 2011, à 77 ans, Manuel Noriega a encore été extradé, cette fois vers son pays, le Panama, où il a été condamné à trois peines de 20 ans de réclusion chacune pour la disparition de trois opposants politiques sous son régime.

Il a fait état de nombreux Haïtiens qui, depuis 1997, ont été extradés aux États-Unis, tels que l’ex-sénateur Fourel Célestin, l’ancien chef de police Jean Nesly Lucien, Guy Philippe, entre autres, afin d’être jugés pour trafic de drogue ou blanchiment d’argent provenant du trafic. « Pourquoi ne fait-on pas pareil pour Michel Martelly ? Pourquoi bénéficie-t-il d’un traitement de faveur ? » se demande Jean Ténor, ajoutant que la justice américaine devrait se saisir rapidement du dossier pour ne pas mettre sa crédibilité en péril.

« Les sanctions, c’est bien, mais elles ne suffisent pas à régler le problème d’un narcotrafiquant qui facilite le trafic de drogue vers les États-Unis et qui a blanchi l’argent provenant de cette activité criminelle sur le territoire américain. Il faut engager des poursuites judiciaires contre Martelly et ses acolytes afin qu’ils payent pour leurs crimes », a ajouté Jean Ténor.

« Il doit être jugé et purger sa peine aux États-Unis pour trafic de drogue et blanchiment d’argent, après quoi, il faudra le transférer en Haïti pour répondre de ses actes de corruption et de son parrainage des gangs criminels, qui opèrent impunément dans le pays. Déjà, la justice haïtienne devrait se mettre en branle pour entamer le procès de Martelly, même par contumace, en attendant qu’il soit remis aux autorités judiciaires haïtiennes », a soutenu Jean Ténor.

Le 20 août 2024, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Département du Trésor des États-Unis a sanctionné l’ancien président haïtien Michel Joseph Martelly, conformément au décret exécutif (E.O.) 14059 du 15 décembre 2021, intitulé « Imposing Sanctions on Foreign Persons Involved in the Global Illicit Drug Trade ». « L’action d’aujourd’hui contre Martelly souligne le rôle significatif et déstabilisateur qu’il a joué, ainsi que d’autres élites politiques corrompues, dans la perpétuation de la crise en cours en Haïti », a déclaré Bradley T. Smith, sous-secrétaire intérimaire pour le renseignement financier et la lutte contre le terrorisme. « Les États-Unis, aux côtés de nos partenaires internationaux, sont déterminés à perturber ceux qui facilitent le trafic de drogue, la corruption et d’autres activités illicites qui alimentent la violence des gangs et l’instabilité politique. »

L’implication de Martelly dans le trafic de drogues dangereuses, y compris la cocaïne destinée aux États-Unis, a été facilitée par son influence au sein des cercles politiques haïtiens. Il a également été impliqué dans le blanchiment de fonds issus du trafic de drogue, collaborant avec des trafiquants de drogue haïtiens et parrainant plusieurs gangs basés en Haïti. Martelly avait déjà été sanctionné par le gouvernement canadien le 17 novembre 2022.

Des rapports d’experts des Nations Unies ayant enquêté sur la criminalité en Haïti ont révélé que le mandat de Michel Martelly a coïncidé avec une montée en puissance des gangs armés, qui ont trouvé un soutien direct ou indirect dans les sphères politiques et économiques du pays. Ces mêmes rapports évoquent l’implication de l’ancien président dans la création, l’armement et le financement de ces gangs, transformant Haïti en un terrain fertile pour les activités criminelles et les violations des droits humains. Le pays, servant de point de transit pour les drogues illicites entrant aux États-Unis, est devenu un foyer d’instabilité sous l’effet combiné de la corruption endémique et de l’insécurité chronique.